3. Sterben
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LETTRES A MA COUSINE
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la société, de la loi, qui trouvaient de si belles et glorieuses revan¬
ches dans l’adultère!
Et tous ces possédés, et tous ces ténébreux, Rodriguc et Arnelphe,
Paolo et Des Grieux, Oreste et Othello, Saint-Preux et Artony, nous
Tont-ils assez clamée, la romance emportée ou langoureuse qui chante
lonjours la méme chose: que l’amour seul donne des ivresses sans
amertume et des extases sans réveil; que l’amour, feu divin, soleil
de l’äme, est utoute chaleur, tout mouvemenl, toute création, loute
Iumière v, que l'amour vaut seul qu’on lui immole sa vie, parce
que seul il peut occuper toute la vie et emplir toute l’éternité!
IIs massacraient d’ailleurs avec entrain tous ceux qui se jetaient
au travers de leur passion. IIs tuaient le rival, ils tu ient le mari; ils
tuaient parfois l’étre aimé, par dépit de ne le pouvoir posséder,
comme Roxane ou Phédre, par jalousie furieuse, comme Othello.
Et le suicide, qui n’était pas rare non plus, n'avait jamais d’autre
cause que Uhorreur d’une séparation inévitable; — et alors on s’em¬
poisonnait gentiment l’un à côté de l'autre; — ou le désespoir de
survivre ou d’étre abandonné; — et alors l'abandonné se coupait la
gorge tout seul — naturellement.
Ces folles ont fini par parritre bien en 1830. Nous avons donc, ma
coüsine, imaginé mienx. C’élait trop coilégien vraiment, et hon pour
ce nalf se#sepfficier de général Boulanger de se tuer sur le tombeau
de sa maitresse! Etil faut étre negre pour étrangler une femme, sous
prétexte zu elle est inüidele!
L’élégant. Voriginal, c’est en pleine tendresse, en tendresse pro¬
fonde, éperduc ei des deux côtés pareillement invincible, de sauter
sur la & chère ame v, et des chercher à l’étrangler, — et voild ce que
M. Schnitzler nous conte dans Nourir (1), — ou bien d’emmener son
0 adorén n le soir sur des rochers à pie au-dessus de la mer, et de
Tétreindre tout à coup. et de la Prainer par les cheveux, malgré ses
cris de gfauve n, malgré ses ongles et ses dents, et de se jeter avec
elle dans l’abime: — et voilà le beau roman de M. d’Annunzio que
l’idéaliste M. Brunetière à récemment servià ses abonnés de la Nerue
des Deux-Mondes (2).
L’élégant enfin, et Thonnéte en méme lemps, c’est, quand une
femme luxurieuse a, pour vous suivre, abandonné son foyer, son
mari et son enfant, de se réfugier avec eile la-bas sur la côte ita¬
(1) Mourir, par Arthur Scharrzten, traduction Gaspard VALLETTE, — chez Pea¬
RIN.
(2) Le Triomphe de la mort, par Gabriei d’Axstyzio, traduction — et traduc¬
tion tres brillante — de G. Hinztt, — chez GAuMANN-LEvr.
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LETTRES A MA COUSINE
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la société, de la loi, qui trouvaient de si belles et glorieuses revan¬
ches dans l’adultère!
Et tous ces possédés, et tous ces ténébreux, Rodriguc et Arnelphe,
Paolo et Des Grieux, Oreste et Othello, Saint-Preux et Artony, nous
Tont-ils assez clamée, la romance emportée ou langoureuse qui chante
lonjours la méme chose: que l’amour seul donne des ivresses sans
amertume et des extases sans réveil; que l’amour, feu divin, soleil
de l’äme, est utoute chaleur, tout mouvemenl, toute création, loute
Iumière v, que l'amour vaut seul qu’on lui immole sa vie, parce
que seul il peut occuper toute la vie et emplir toute l’éternité!
IIs massacraient d’ailleurs avec entrain tous ceux qui se jetaient
au travers de leur passion. IIs tuaient le rival, ils tu ient le mari; ils
tuaient parfois l’étre aimé, par dépit de ne le pouvoir posséder,
comme Roxane ou Phédre, par jalousie furieuse, comme Othello.
Et le suicide, qui n’était pas rare non plus, n'avait jamais d’autre
cause que Uhorreur d’une séparation inévitable; — et alors on s’em¬
poisonnait gentiment l’un à côté de l'autre; — ou le désespoir de
survivre ou d’étre abandonné; — et alors l'abandonné se coupait la
gorge tout seul — naturellement.
Ces folles ont fini par parritre bien en 1830. Nous avons donc, ma
coüsine, imaginé mienx. C’élait trop coilégien vraiment, et hon pour
ce nalf se#sepfficier de général Boulanger de se tuer sur le tombeau
de sa maitresse! Etil faut étre negre pour étrangler une femme, sous
prétexte zu elle est inüidele!
L’élégant. Voriginal, c’est en pleine tendresse, en tendresse pro¬
fonde, éperduc ei des deux côtés pareillement invincible, de sauter
sur la & chère ame v, et des chercher à l’étrangler, — et voild ce que
M. Schnitzler nous conte dans Nourir (1), — ou bien d’emmener son
0 adorén n le soir sur des rochers à pie au-dessus de la mer, et de
Tétreindre tout à coup. et de la Prainer par les cheveux, malgré ses
cris de gfauve n, malgré ses ongles et ses dents, et de se jeter avec
elle dans l’abime: — et voilà le beau roman de M. d’Annunzio que
l’idéaliste M. Brunetière à récemment servià ses abonnés de la Nerue
des Deux-Mondes (2).
L’élégant enfin, et Thonnéte en méme lemps, c’est, quand une
femme luxurieuse a, pour vous suivre, abandonné son foyer, son
mari et son enfant, de se réfugier avec eile la-bas sur la côte ita¬
(1) Mourir, par Arthur Scharrzten, traduction Gaspard VALLETTE, — chez Pea¬
RIN.
(2) Le Triomphe de la mort, par Gabriei d’Axstyzio, traduction — et traduc¬
tion tres brillante — de G. Hinztt, — chez GAuMANN-LEvr.