I, Erzählende Schriften 3, Sterben. Novelle, Seite 58

3. Sterben

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LETTRES A MA COUSINE
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pable n'est sorti que le dégont, la haine, qu'un mortel et invincihle
ennui.
# II réfléchit à la fuite des ans, à la chaine rivée pour toujours par
Thabitude, à l’infinie tristesse de l’amour devenu un vice ias. II se
vit lui-méme, dans T’avenir, lie à cette chair comme T’esclave asen
carcan, privé de volenté et de pensée, abruti et vide; il vit la concu¬
bine défleurir, vieillir, s'abandonner sans résistance à l'euvre du
temps; il vit la maison déserte, désolde, silencieuse... Sa haine con¬
tre l’inconsciente créature ne s’étalt jamais soulevée avec autant de
violence. Dorénavant, pensait-f, je ne pourrai vivre ni avec elle ni
sans elle. „ Voilà pour l'un.
Voici maintenant comiment finit le couple de M. Rod: & Sortis du
monde selon leur veen, ils en sentaient encore tout le poids sur
leurs ccurs. Destructif et vainqueur, Tamour renverse les obsta¬
cles. Mais, après le triomphe, voici qu'il s'affaiblit, II ne délivre
point ceux qui attendaient de lui l’espace et la liberté. Sur le
prisonnier fugitif plane Pombre de la prison, qui le pénêtre et qui
le glace. 9 — Nous mourrons, n’est-ce pas? tu l'as promis! demande
Geneviève au'sveille en sursaut, la nuit, le souvenir de son enfant.
— Qui, répond le tendre électricien. — Mais si ce qu’on dit de l’au¬
tre vie élait vrai? — Non, non. C’est impossible! Une seule chose est
certaine: nous serons affranchis de ce poids que nous avons tou¬
jours senli peser sur nous; nous serons entres dans le repos éternel. )
Quant au poitrinaire allemand, à mesure’qu'il sent sa fin S’appro¬
cher, son égoisme féroce se plait à torturer la douce et dévouée eréa¬
ture, qui, lout en se sacrifiant à lui depuis un an, Cprouve elle-mème
de plus en pius & une infinie lassitude v, sent se faner son émotion
et son amour, et “ douleur se changer gen un mélange d’anxiété et
d’indifférence v. II trouve juste qu’elle souffre, puisqu’il souffre. Il
Jui en veut de vivre, puisgu“t vr. mourir, Il est jalonx, défiant; il
Sirrite de sa päleur comme d’un mensonge, de son dévouement
comme d’une hypocrisie. & Hlépiait le moment ou #lle tstooignerait
quelque impatience, ou elle se trahirait par un mot, par un regard,
ou il pourrait lui jeter au visage une parole méchante pour Jui faire
comprendre qu'il n'avait pas été sa dupe une seule minute, que son
hypocrisie lui répugnait, et qu'elle cüt à le laisser mourir en paix. 9
Ou'elle le laisse mourir en vaix? Non, il ne veut pas mourir seul:
une peur affreuse, une angoisse horrible l’obsède.,, II faut qu’elle
consente à mourir avec lui, qu'elle le lui promette.. Mais jamais elle
n’osera, elle aime trop la we! El alors la pensée meurtrière, comme
une araignée monstrueuse tapie sous son cräne, lui ronge continuel¬