3.
Sterben
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L4 OUINZAINE
lement le cerveau, II la retient près de lui par les mots les plus ten¬
dres, il la presse de caresses si violentes, qu'elle en conçoit elle-mème
quelque éponvante. Jusqu'à ce qu’enün, au milieu d’une effusion
pieine de doucenr, il serre flévreusement sa té###de toutes ses forces
en la regardant fxement: & Je Lemmène avec moi, je ne veux pas
mien aller seul. Je Taime et ne te laisserai pes Cerrière moi. J’ai
peur de mourir senl. Veux-lu? Venx-lu?9 — Ei il meurt de colère
de n'avoir pri l’étrangler.
En verité, C’est proprement l’enfer que des amours-la. Sans le
vouloir cerlainement, #es trots anteurs rappellent à qui sait les
comprendre que le péché porte en soi la mort. On mourait jadis de
ne plus etre aimé: c’ciait une faibiesse. Le chatiment est mainte¬
nant plus direct: cest d’aimer que l’on meurl. On s’enneie, on est
infiniment las des la première semainc; on s’égorge à la deuxième.
Je vous dis, ma cousine, que ce siècle avaut de finir veut venger
la morale
Ce n’est pas que nos trois auteurs, tous trois & paillards mélanco¬
liques y, comme les edt appelés Louis Veuillot, aienl méme façon
d’envisager la mort, ni qu'ils y aient vu ce que nous voyons.
Pour M. Rod, la mort consomme le triomphe de l’amour, de
lamour vrai qui ne peut se concilier avec le reste de la vie „.
Elle est une fagon superbe d’échapper & aux compromis hypocrites
misérables ettoujours menteurs. 9 Elle est le grand affranchissement.
On rencontre encore de loin en ioln quelques étudiants très jeunes,
qui, contrariés dans leur tendresse pour Musette ou Nini, se vengent
du monde et de leur papa en allumant le réchaud. Cela prouve que
le hon vieux romantisme n’est pas mort tout à fait. Gratter le pes¬
simiste: vous trouvez un bon provincial, un provincial de Genéve
qui a an fond gardé ia candeur de sa seizieie année.
Et c’est toute la vicille chanson qui recommence, comme un duc
entre Werther et Indiana! Toujours le ténébreux, le##fatal); tou¬
jours la femme a désespérêment belle v; et entre eux, le mari Lon¬
homme, gros, bien portant, et ridicule.
Ouse rencontre en soirée; on écoute du Wagner. & Oui, rien, sauf
Tamour, ne vaut de vivre st de mourir. Oh! l’amour triomphant,
plus fort que la vie, qui dédaigne les obstacles, les abat, les oublie,
pour s’effondrer dans la mort comme #ans son unique et véritable
asile!
Sterben
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L4 OUINZAINE
lement le cerveau, II la retient près de lui par les mots les plus ten¬
dres, il la presse de caresses si violentes, qu'elle en conçoit elle-mème
quelque éponvante. Jusqu'à ce qu’enün, au milieu d’une effusion
pieine de doucenr, il serre flévreusement sa té###de toutes ses forces
en la regardant fxement: & Je Lemmène avec moi, je ne veux pas
mien aller seul. Je Taime et ne te laisserai pes Cerrière moi. J’ai
peur de mourir senl. Veux-lu? Venx-lu?9 — Ei il meurt de colère
de n'avoir pri l’étrangler.
En verité, C’est proprement l’enfer que des amours-la. Sans le
vouloir cerlainement, #es trots anteurs rappellent à qui sait les
comprendre que le péché porte en soi la mort. On mourait jadis de
ne plus etre aimé: c’ciait une faibiesse. Le chatiment est mainte¬
nant plus direct: cest d’aimer que l’on meurl. On s’enneie, on est
infiniment las des la première semainc; on s’égorge à la deuxième.
Je vous dis, ma cousine, que ce siècle avaut de finir veut venger
la morale
Ce n’est pas que nos trois auteurs, tous trois & paillards mélanco¬
liques y, comme les edt appelés Louis Veuillot, aienl méme façon
d’envisager la mort, ni qu'ils y aient vu ce que nous voyons.
Pour M. Rod, la mort consomme le triomphe de l’amour, de
lamour vrai qui ne peut se concilier avec le reste de la vie „.
Elle est une fagon superbe d’échapper & aux compromis hypocrites
misérables ettoujours menteurs. 9 Elle est le grand affranchissement.
On rencontre encore de loin en ioln quelques étudiants très jeunes,
qui, contrariés dans leur tendresse pour Musette ou Nini, se vengent
du monde et de leur papa en allumant le réchaud. Cela prouve que
le hon vieux romantisme n’est pas mort tout à fait. Gratter le pes¬
simiste: vous trouvez un bon provincial, un provincial de Genéve
qui a an fond gardé ia candeur de sa seizieie année.
Et c’est toute la vicille chanson qui recommence, comme un duc
entre Werther et Indiana! Toujours le ténébreux, le##fatal); tou¬
jours la femme a désespérêment belle v; et entre eux, le mari Lon¬
homme, gros, bien portant, et ridicule.
Ouse rencontre en soirée; on écoute du Wagner. & Oui, rien, sauf
Tamour, ne vaut de vivre st de mourir. Oh! l’amour triomphant,
plus fort que la vie, qui dédaigne les obstacles, les abat, les oublie,
pour s’effondrer dans la mort comme #ans son unique et véritable
asile!