I, Erzählende Schriften 3, Sterben. Novelle, Seite 62

3. Sterben
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LETTRES A MA COUSINE
les autres, il croit au néant de la tombe: comme eux, il est jenne et
ilr une jolie maitresse... Cest justement cela qui le désespère.
Et tout le livre n’est que le récit de l’épouvante affreuse qui le
torture à l’obsédante pensée du delai fatal, empoisonnant ses dernie¬
res ivresses, le détachant de tout pour le replier sur Jui-méme en un
monstrueut égoisme, lui faisant par une basse jalousie prendre en
haine tout ce qui est jeune, tout ce qui vit, tout ce qui va jouir
encore de ce qulil va perdre.
„Ahl mepriser la vie, quand on se porte comme un dieu; regar¬
der la mort en face, quand on se promène en Italie et que la splen¬
deur de l’existence vous enveloppe dans ses mille couleurs, j’appelle
cela de la pose tout simplement... Socrate? un comédien! Quand
on est un homme naturel, on a de l’angoisse devant l'Inconnu: tout
au plus peut-on la dissimuler.., moi-méme, quand je vous parle
d’autre chose, je me déguise: en réalité j’éprouve une angoisse sans
bornes, furieuse, dont aucun homme bien perlant ne peut se faire
une idée.. II faut étre condamné comme un criminel ou comme moi,
pour parler de cela. Et le pauvre diable qui marche à l’échafand d’un
pas fer##e grand sage qui énonce des maximes après avoir vidé
la coupe de cigué, et le héros qui regarde en souriant les fusils diri¬
ges contre sa poitrine, tous ceux-là sont des hypocrites, je je sais
et leur iermeté, leur sourire n’est que de la pose, car ils ont tous
Tangoisse, T’angoisse horrible de la mort, comme je l'ai! „
En celui-la, Teffroi de la mort devient une passion exaspérée etfolle,
comme l'amour et l’appétit de la mort en T’autre. Et cei effroi met à
nutoute la bassesse de son ame sans idtalet sans humanité: c’est la
peur de mourir seul quile fail étrangleur, c’est la peur de mourir qui
le fait mourir.
Pauvres ames palennes! Pour avoir perdu le sens dn divin qui nous
Cclaire et nous fait à la fois craindre la mort comme un mystère, et
Taimer corame un bienfait, vovez comme elles oscillent brusquement
entre ces deux folies: courir à la mort, etse révolter conire elle; l’une,
qui est exaltation mensongère de la vonité; Tautre, qui est débor¬
dement hidenx de la lächefé humaine!
En son cuvre touffae et un peu incohérente, M. d’Annunzio a mienx
fait:il a fait vivre ensemble les deux folies sous le méme cräne. II a
fondule désiret P’effroi de la mort dans lesentiment passionné etamer
de la fatalité.