I, Erzählende Schriften 3, Sterben. Novelle, Seite 79

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Sterben
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COSMOPOLIS.
II dit: “notre mort prochaine“; il dit: “quand nous ne serons
plus“; et s'affaiblissant de plus en plus, tout entier en proie an
terrible égoisme des mourants, il en vient à lui ordonner
impérieusement de tenir sa promesse:“ Tu le dois; tu me
l'as promis!'—Et enfin, aux dernières heures, l’embrassant
eperdüment, criant: “je t’emmène! je t’emmène!“ il la
serre de telle facon que la pauvre femme s’enfuit éponvantéc.
H avait voulu l’étrangler. La vie florissante s’est trouvée face à
face avec la mort jalouse, haineuse et avide de destruction, et a
senti jusqu'au fond d’elle-méme l'attraction froide du tombeau.
Tout cela, avec une extréme simplicité d’incidents et d’ex¬
pression, est d’une force de vérité tragique qui est poignante.
Cela sent la grande cuvre.
Et elle, la pauvre petite femme, si douce, si aimante, si
dévouée, dévonée à se rendre malade elle-mème en vivant
confinée dans l'atmosphère mortelle du malade; elle est un
Etre humain cependant, et un étre jeune, sain et vigoureux.
Etson histoire est, au tragique, celle de la Feune zeuze de La
Et
Fontaine. Elle est, mon Dieu, la jeune veuve préalable.
Cest assez curieux de voir la succession des sentiments de la
jenne veuve chez une femme qui n’est veuve que par anticipa¬
tion et parce qu’il est sur qu'elle val’être, etqui a encore devant
les yenx celui dont elle est déja veuve, et qui l’aime encore pro¬
fondément.
Elle a commencé par lui promettre et par se promettre
de mourir avec hi. Rien de plus sérieux, rien de plus
sincère que cette promesse, rien mème de plus profond.
Cest bien la mort acceptée et vouluc et l’impossibilité sentie de
vivre, supposé mort l’étre qu'on aime. Mais peuà peu, incons¬
ciemment, parce que la vie a ses droits, parce qu’il a ses droits
le sang jenne et pur qui roule dans ses veines, la jeune femme
sent que sa résolution fléchit et fond en quelque sorte dans
son ccrur, et s’étonne de la voir ainsi défaillir, et se reproche
de ne pouvoir la retenir et la fixer, mais enfin s’en détache et
s’en déssaisit de jour en jour.
Et elle finit par comprendre ces deux états d’ame si différents,
et la raison de cette différence: “Un jour, j'ai voulu mourir
avec lui. Pourquoi sommes-nous devenus si étrangers l’un à
l’autre? II ne pense plus qu'à lui-méme. Est-ce qu’il voudrait