II, Theaterstücke 25, Professor Bernhardi. Komödie in fünf Akten (Ärztestück, Junggesellenstück), Seite 867

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Une piece interdite en Autriche
La censure viennoise passe à juste titre pour pointilleuse. Elle
interdisait, il y a quelques mois, la représentation d’une comédie
d’Arthur Schnitzler, l’auteur viennois par excellence, dont on a
célébré, non sans quelque orgucil, le cinquantenaire en 1012.
Pourquoi pareille mesure de rigucur? Schnitzler n’est pas sans
avoir une Tois connu la censure, il y a quinze ans, à l’occasion d’une
petite ceuvre très légère, très spirituelle, mais franchement licen¬
cieuse Zn Ronde (Reigen), (traduite en français, P. V. Stock, éd.).
Depuis lors, unc vingtaine de pièces, grandes ou petites, autant de
nouvelles, un roman ont passé sans obstacle jusqu’au public. Si l’on
a interdit à la scène Le Proessem Bernhardi, cest pour des raisons
différentes, et qui en disent long sur l’état des esprits en Autriche.
Au centre de la comédie, un höpital privé, une clinique, fondée
il ya quinze ans par quelques jeunes médecins. L'Zlisabetinum,
après avoir rencontré une opposition vive, a prospéré. Au Conseil
d’administration siegent un prince, un archevéque et un banquier
juif — T’aristocratie, l’Eglise et la finance — trinité puissante de
l’Autriche moderne. Les fonds proviennent pour les deux tiers des
coffres-forts israélites, dont le concours va avec prédilection à une
entreprise patronnée en si haut lieu. Qu’importe que 85/100 des
malades y soient catholiques, alers que deux tiers des médecins ).
sont juifs? Le professeur Bernhardi, directeur de lhöpital, jouit
de l’estime générale et d’une clientèle princière. Un incident futile
va rompre cette harmonie précaire et réveiller soudain chez tous,
de l’inhrmière aux chefs de service, des passions endormies.
Juif et médecin, Schnitzler a pris plaisir à Scrire la satire, et
T’apologie à la fois, de sa profession et de sa race. Déjà son dernier
roman, Le Chemin de la Liberté (Der Veg ins Freie), était, dans
##e large mesure, le roman de la race juive déracinée, qui ne s'assi¬
mile pas à la population autrichienne autochtone. Sionistes, antisé¬
mites, vienx juifs traditionnels, jeunes juifs émancipés, juifs glo¬
rieux et juifs honteux s’y donnaient la réplique au sein d’une action
läche et complexe, engagée autour de l’action principale. La récente
colnédie réduit le probleme à une seule corporation, celle des wéde¬
cins. Est-il vrai que l’Autriche soit, comme l'afhirment deux des
personnages, d un Etat chrétien 9? Quel röle peuvent alors y jouer
des médecins juifs, des professcurs juifs, une université presque
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