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toujours préfère la clarté à la passion trouble. Mais s’il excelle à
volr, d’un regard impitoyable et lucide, comment se posent les pro¬
blemes, il hésite à proposer une solution, quelle qu'elle soit. Cette
clarté rationnelle qu'il aime ne suffit pas à reconstruire un idéal, des
impératifs nouveaux. Elle porte à T’ironie plutôt qu’à l’action. IIen
a conscience. Méme dans un cas tres particulier, dans unc alternative
précise et contemporaine comme celle que pose sa dernière comédic,
ce ne sont pas des raisons intellectuelles, c’est un instinct profond,
### le sentiment intérieur n, qui fait agir en divers sens les person¬
nages. Devant ce c sentiment intérieur n, les principes, les raison¬
nements, la bonne volonté mémne sont sans force. Schnitzler ne s’est
pas proposé de discuter la valeur de ces préférences héréditaires ou
instinctives. II en constate seulement la puissance irrésistible. Cest
à ses yeux ce qui rend la question juive insoluble, peut-être pour
longtemps encore.
C’est, d’une manière générale, la raison profonde qui rend si péni¬
ble et si lente toute évolution individuelle ou sociale. En tenant
compte de la différence des sujets, on s’aperçoit que les pièces an¬
ciennes de Schnitzler, Gibier ½7anc (Freiwild), Le Conte (Das Mar¬
chen), Ze Zege (Das Vermachtnis), arrivaient aux mémes conclu¬
sions. Après avoir écrit les tragédies du préjugé et de l’esprit nou¬
veau, l'auteur a tenté d’en écrire la comédie. Si la censure ou le ju¬
blic viennois n’ont pas reconnu dans Le Professeur Bernhardi des
tendances avec lesquelles ils sont depuis longtemps familiers, la
faute en est à l’allure trop contemporaine et trop polémique de la
comnédie, à la nature du sujet traité. La pièce n’est ni révolutionnaire
ni frondeuse. En France, nous lui reprocherions une modération
excessive. Mais peut-étre ne fait-il pas hon dire en Autriche, méme
sur la scène comique, certaines vérités évidentes.
GENEVIEVE BLANOUIS.
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