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22. Denjunge-edandus
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REVUE DES DEUX MONDES.
héros d’innombrables personnages épisodiques dont le röle consiste,
tout ensemble, à nous divertir par leur propre vérité, — ou vraisem¬
blance, — historique et à nous rendre moins invraisemblable l’in¬
trigue romanesque ou nous les voyons intervenir. Mais pour ce qui
est de cette intrigue elle-méme, et de la vérité & purement humaine „
des héros de la pièce de M. Schnitzler, force m’est de reconnaitre que
la suite de l’euvre ne répond pas aux belles espérances que nous
avaient inspirées les deux tableaux du prologue. Ni le jeune
Médard o ni l’énigmatique et ténébreuse créature dont il va s’sprendre
des le début du premier acte n’ont de quoi justilier les allures
quelque peu eshakspeariennes qu’il semble que l’auteur ait voulu
leur prêter: ce sont de vaines ombres, absolument dépourvues de
toute réalité vivante aussi bien que de tout relief tragique, et s’appa¬
rentant bien moins aux immortelles figures du poête anglais qu'aux
protagonistes des mélodrames anecdotiques de M. Sardou. Voici
d’ailleurs, en deux mots, le résumé de l’aventure autour de laquelle
M. Schnitzler a tres heureusement täché à nous offrir une exacte
peinture de la société viennoise avant et pendant l’occupation de la
capitale autrichienne par les troupes françaises.
La scur de Médard et son amant, le comte de Valois, ont demandé
que leurs corps fussent déposés dans le méme tombeau, ce qui a
fourni au jeune homme l’occasion de rencontrer, au bord de la fosse,
tous les membres de la noble famille française dont il s’est juré d’ob¬
tenir vengeance. Or, le comte François a laissé une sceur, Hélène,
dont la fière beauté a tout de suite ému tres profondément le ccur
passionné du jeune libraire. Cependant celui-ci se croit tenu d’ou¬
trager la belle princesse en lui interdisant de jeter des fleurs sur la
tombe commune de François et d’Agathe. Un certain marquis de
Valois, cousin d’Hélène et fort épris d’elle, s’empresse de provoquer
Timpertinent; et la jeune fille lui promet de devenir sa femme s’il
parvient a le tuer. Mais le marquis de Valois ne parvient qu’à blesser
son adversaire; sur quoi Hélène se décide tout de méme à épouser
son cousin, et puis, d’autre part, fait porter à Médard les fleurs qui
ont été l’origine du duel. Et Médard, grièvement atteint d’un coup
d’épée dans la poitrine, n’en trouve pas moins la force de se trainer
aussitôt jusqu'au palais du duc de Valois, d’escalader le mur du
jardin, et de venir tomber aux pieds de l’orgueilleuse Hélène, qui
consent à le cacher dans sa chambre durant toute la nuit. Bientôt
nous apprenons qu'elle est devenue sa maitresse, et nous voyons bien
que l’amour enflammé qu'il éprouve pour elle transforme l’obscur
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REVUE DES DEUX MONDES.
héros d’innombrables personnages épisodiques dont le röle consiste,
tout ensemble, à nous divertir par leur propre vérité, — ou vraisem¬
blance, — historique et à nous rendre moins invraisemblable l’in¬
trigue romanesque ou nous les voyons intervenir. Mais pour ce qui
est de cette intrigue elle-méme, et de la vérité & purement humaine „
des héros de la pièce de M. Schnitzler, force m’est de reconnaitre que
la suite de l’euvre ne répond pas aux belles espérances que nous
avaient inspirées les deux tableaux du prologue. Ni le jeune
Médard o ni l’énigmatique et ténébreuse créature dont il va s’sprendre
des le début du premier acte n’ont de quoi justilier les allures
quelque peu eshakspeariennes qu’il semble que l’auteur ait voulu
leur prêter: ce sont de vaines ombres, absolument dépourvues de
toute réalité vivante aussi bien que de tout relief tragique, et s’appa¬
rentant bien moins aux immortelles figures du poête anglais qu'aux
protagonistes des mélodrames anecdotiques de M. Sardou. Voici
d’ailleurs, en deux mots, le résumé de l’aventure autour de laquelle
M. Schnitzler a tres heureusement täché à nous offrir une exacte
peinture de la société viennoise avant et pendant l’occupation de la
capitale autrichienne par les troupes françaises.
La scur de Médard et son amant, le comte de Valois, ont demandé
que leurs corps fussent déposés dans le méme tombeau, ce qui a
fourni au jeune homme l’occasion de rencontrer, au bord de la fosse,
tous les membres de la noble famille française dont il s’est juré d’ob¬
tenir vengeance. Or, le comte François a laissé une sceur, Hélène,
dont la fière beauté a tout de suite ému tres profondément le ccur
passionné du jeune libraire. Cependant celui-ci se croit tenu d’ou¬
trager la belle princesse en lui interdisant de jeter des fleurs sur la
tombe commune de François et d’Agathe. Un certain marquis de
Valois, cousin d’Hélène et fort épris d’elle, s’empresse de provoquer
Timpertinent; et la jeune fille lui promet de devenir sa femme s’il
parvient a le tuer. Mais le marquis de Valois ne parvient qu’à blesser
son adversaire; sur quoi Hélène se décide tout de méme à épouser
son cousin, et puis, d’autre part, fait porter à Médard les fleurs qui
ont été l’origine du duel. Et Médard, grièvement atteint d’un coup
d’épée dans la poitrine, n’en trouve pas moins la force de se trainer
aussitôt jusqu'au palais du duc de Valois, d’escalader le mur du
jardin, et de venir tomber aux pieds de l’orgueilleuse Hélène, qui
consent à le cacher dans sa chambre durant toute la nuit. Bientôt
nous apprenons qu'elle est devenue sa maitresse, et nous voyons bien
que l’amour enflammé qu'il éprouve pour elle transforme l’obscur
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