Me
22 eundardus
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REVUES ETRANGERES.
941
ces jours-ci, prouver éloquemment à ses compatriotes que le plus
célebre de leurs auteurs dramatiques n’avait rien perdu de Tardeur
passionnée avec laquelle, depuis plus de vingt ans, il s’était efforcé de
leur imposer le triomphe de son réve ambitieux de liberté et de beauté
dramatiques. Tout au plus M. Hauptmann semble-t-il avoir désormais
renoncé à introduire, au milien des sujets les plus e réalistes,9 ces
vagues symboles vaguement cibséniens n dont l’obscurité ne laissait
point de rendre parfois tres difficile aux spectateurs l’intelligence de
Tintrigue et des caractères, dans des cuvres comme le Paunre Aenn
on Z7 Pippa danse! Ou plutôt, ne pouvant se résigner encore à aban¬
donner tout à fait ce fächeux symbolisme, il s’est borné maintenant à
le faire intervenir dans le titre de sa pièce: car celle-ci ne nous montre,
en vérité, de g rats , d’aucune sorte, mais bien des personnages
directement empruntés à la vie berlinoise de notre temps, sans l’ombre
d’une signification qui dépasse la parfaite justesse individuelle de
leurs actes et de leurs paroles. Pourquoi il a plu à l’auteur de les
comparer à des rats, je doute qu'un seul de ses admirateurs soit en
stat de nous T’expliquer; mais aussi ces créatures humaines ont-elles
assez à faire d’étre ce qu'elles sont, avec le perpétuel conflit de senti¬
mens et d’idées qui se livre dans leurs cceurs, et sous le poids de la
douloureuse fatalité tragique dont nous les voyons accablés. Bien loin
de constituer un esymbole, n la & tragi-comédie n de M. Hauptmann
pourrait étre appelée un simple e fait-divers, n un épisode passager
de l’existence quotidienne de l’un des faubourgs d’une capitale, et
n'ayant d’intérêt pour nous qu'en raison du relief prété par le dra¬
maturge à toutes les nuances des humbles petites ämes qui y pren¬
nent part. Jamais encore jusqu'ici M. Hauptmann n'avait consenti à
traiter un thème aussi concret, aussi incapable de donner lien à
l’évocation de l'un de ces problèmes qu'aimait à nous proposer le
pobte de Rosmersholm et du Canard saurage; mais jamais non plus
la délicate vigueur de son talent, sa maitrise de psychologue, son
entente des secrets de la vie scénique ne se sont traduites à nous
avec plus d’aisance et de naturel.
Le premier acte de la pièce n’est, lui aussi, qu'une facon de pro¬
logue, et beaucoup moins destiné à engager T’action qu’à nous en
exposer les figures principales. Nous y apprenons seulement qu'une
certaine Mue John, femme d’un ouvrier macon, et s’occupant elle¬
méme à efaire le ménage # d’un vieil acteur et professeur de décla¬
mation, est en train de s’entendre avec une autre servante, Pauline
Piperkarska, afin que celle-ci lui vende l’enfant qu'elle doit mettre au
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ces jours-ci, prouver éloquemment à ses compatriotes que le plus
célebre de leurs auteurs dramatiques n’avait rien perdu de Tardeur
passionnée avec laquelle, depuis plus de vingt ans, il s’était efforcé de
leur imposer le triomphe de son réve ambitieux de liberté et de beauté
dramatiques. Tout au plus M. Hauptmann semble-t-il avoir désormais
renoncé à introduire, au milien des sujets les plus e réalistes,9 ces
vagues symboles vaguement cibséniens n dont l’obscurité ne laissait
point de rendre parfois tres difficile aux spectateurs l’intelligence de
Tintrigue et des caractères, dans des cuvres comme le Paunre Aenn
on Z7 Pippa danse! Ou plutôt, ne pouvant se résigner encore à aban¬
donner tout à fait ce fächeux symbolisme, il s’est borné maintenant à
le faire intervenir dans le titre de sa pièce: car celle-ci ne nous montre,
en vérité, de g rats , d’aucune sorte, mais bien des personnages
directement empruntés à la vie berlinoise de notre temps, sans l’ombre
d’une signification qui dépasse la parfaite justesse individuelle de
leurs actes et de leurs paroles. Pourquoi il a plu à l’auteur de les
comparer à des rats, je doute qu'un seul de ses admirateurs soit en
stat de nous T’expliquer; mais aussi ces créatures humaines ont-elles
assez à faire d’étre ce qu'elles sont, avec le perpétuel conflit de senti¬
mens et d’idées qui se livre dans leurs cceurs, et sous le poids de la
douloureuse fatalité tragique dont nous les voyons accablés. Bien loin
de constituer un esymbole, n la & tragi-comédie n de M. Hauptmann
pourrait étre appelée un simple e fait-divers, n un épisode passager
de l’existence quotidienne de l’un des faubourgs d’une capitale, et
n'ayant d’intérêt pour nous qu'en raison du relief prété par le dra¬
maturge à toutes les nuances des humbles petites ämes qui y pren¬
nent part. Jamais encore jusqu'ici M. Hauptmann n'avait consenti à
traiter un thème aussi concret, aussi incapable de donner lien à
l’évocation de l'un de ces problèmes qu'aimait à nous proposer le
pobte de Rosmersholm et du Canard saurage; mais jamais non plus
la délicate vigueur de son talent, sa maitrise de psychologue, son
entente des secrets de la vie scénique ne se sont traduites à nous
avec plus d’aisance et de naturel.
Le premier acte de la pièce n’est, lui aussi, qu'une facon de pro¬
logue, et beaucoup moins destiné à engager T’action qu’à nous en
exposer les figures principales. Nous y apprenons seulement qu'une
certaine Mue John, femme d’un ouvrier macon, et s’occupant elle¬
méme à efaire le ménage # d’un vieil acteur et professeur de décla¬
mation, est en train de s’entendre avec une autre servante, Pauline
Piperkarska, afin que celle-ci lui vende l’enfant qu'elle doit mettre au