11. Reigen
box 19/2
. T
sageait que du point de vue du li¬
vre. comme une suite de scènes
dialoguées, de petils tableaux
n'ayant entre eux qu'un tres va¬
gue lien. On ne pensait pas qu'elle
püt étre jouée. Sa coupe originale
aulant que la liberté, le cynisme
méme de cerlaines de ces scènes
Tempéchèrent le succès, tant à Ber¬
lin, avant la guerre, qu'à Vienne
au lendemain de la Revolution de
1918.
M. Pitoöff jouait donc une grosse
partie en acceptant le risque de
monter cette cuvre. II l’a brillam¬
ment gagnée, et nous devons lui
étre reconnaissants d’avoir révélé,
sinon aux lettrés, du moins au pu¬
blic, l’ouvre curieuse, à plus d’un
titre, du dramaturge viennois, dont
on connait en France trop peu de
piéces.
La pièce porte bien la marque
de la date à laquelle elle fut écrite.
C’était l’époque ou au romantisme
vieilli, fini, succédait l’école natu¬
raliste. Les tendances nouvelles
qui s’exprimèrent en France au
Théätre Libre d’Antoine — eurent
pour adepte fervent Schnitzler,
mais T’audace avec laquelle il trai¬
tait de l'amour physique dans La
Ronde aurait cause, dans la capi¬
tale des Habsbourg, un trop grand
scandale pour qulil osät faire re¬
présenter tout de suite ces & fran¬
ches de vie v. Quand-il s’agit de
parler librement de l’amour, le
théätre est toujours en retard sun
le roman.
qutnous frappe le plus, dans
Ln Ronde, c’est moins peut-ötre
sa parenté avec les cuvres inspi¬
rées du Théätre Libre, qu'au
contraire son actualité. On sait à
quel point les choses sexuelles
sont à la mode dans la littérature
d’aujourd'hui. Or, de quoi est-il
question, dans ces rencontres bré¬
ves des couples que nous montre
la piece de Schnitzler, si ce n’est
d’un amour basé uniquement sur
le désir, et dépouillé de tous ses
imensonges, de toutes ses illu¬
sions?
La façon originale dont l’auteur
présente ses personnages met en¬
core plus en relief sa conception
pessimiste de
naturaliste et
l'amour. Deux étres simples et pri¬
mitifs sont mis en présence,
une nuit, au bord d’un talus qui
surplombe le Danube, dans le pre¬
fllle et
mier tableau. la
soldat. IIs ne recherchent que le
plaisir élémentaire d’une bréve
étreinte. Et tous les autres ta¬
bleaux, qui nous présentent d’au¬
tres rencontres et d’autres couples,
s’enchainent les uns les autres,
parce que l’un des personnages,
— Thomme ou la femme — de
chaque tableau, figure dans le ta¬
bleau suivant avec un nouveau
partenaire. Le soldat du début
nous mène à la femme de cham¬
bre, celle-ci à l’étudiant, l’étudiant
à la femme du monde, et nous pas¬
sons ainsi successivement en re¬
vue le mari, la midinette, Ihomme
de lettres, l’actrice, le comte, Ge¬
Jui-ci se retrouve une nuit dans
la chambre de la fille que nous
avons vue au début; on revoit le
bec-de gaz qui éclaire le talus du
Danube. Le Cercle est fomé; on
rejomtle point de départ: 1 ronde
estrachevée.
Etienne Rer.
Gesigig suite en deurieme pae
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. T
sageait que du point de vue du li¬
vre. comme une suite de scènes
dialoguées, de petils tableaux
n'ayant entre eux qu'un tres va¬
gue lien. On ne pensait pas qu'elle
püt étre jouée. Sa coupe originale
aulant que la liberté, le cynisme
méme de cerlaines de ces scènes
Tempéchèrent le succès, tant à Ber¬
lin, avant la guerre, qu'à Vienne
au lendemain de la Revolution de
1918.
M. Pitoöff jouait donc une grosse
partie en acceptant le risque de
monter cette cuvre. II l’a brillam¬
ment gagnée, et nous devons lui
étre reconnaissants d’avoir révélé,
sinon aux lettrés, du moins au pu¬
blic, l’ouvre curieuse, à plus d’un
titre, du dramaturge viennois, dont
on connait en France trop peu de
piéces.
La pièce porte bien la marque
de la date à laquelle elle fut écrite.
C’était l’époque ou au romantisme
vieilli, fini, succédait l’école natu¬
raliste. Les tendances nouvelles
qui s’exprimèrent en France au
Théätre Libre d’Antoine — eurent
pour adepte fervent Schnitzler,
mais T’audace avec laquelle il trai¬
tait de l'amour physique dans La
Ronde aurait cause, dans la capi¬
tale des Habsbourg, un trop grand
scandale pour qulil osät faire re¬
présenter tout de suite ces & fran¬
ches de vie v. Quand-il s’agit de
parler librement de l’amour, le
théätre est toujours en retard sun
le roman.
qutnous frappe le plus, dans
Ln Ronde, c’est moins peut-ötre
sa parenté avec les cuvres inspi¬
rées du Théätre Libre, qu'au
contraire son actualité. On sait à
quel point les choses sexuelles
sont à la mode dans la littérature
d’aujourd'hui. Or, de quoi est-il
question, dans ces rencontres bré¬
ves des couples que nous montre
la piece de Schnitzler, si ce n’est
d’un amour basé uniquement sur
le désir, et dépouillé de tous ses
imensonges, de toutes ses illu¬
sions?
La façon originale dont l’auteur
présente ses personnages met en¬
core plus en relief sa conception
pessimiste de
naturaliste et
l'amour. Deux étres simples et pri¬
mitifs sont mis en présence,
une nuit, au bord d’un talus qui
surplombe le Danube, dans le pre¬
fllle et
mier tableau. la
soldat. IIs ne recherchent que le
plaisir élémentaire d’une bréve
étreinte. Et tous les autres ta¬
bleaux, qui nous présentent d’au¬
tres rencontres et d’autres couples,
s’enchainent les uns les autres,
parce que l’un des personnages,
— Thomme ou la femme — de
chaque tableau, figure dans le ta¬
bleau suivant avec un nouveau
partenaire. Le soldat du début
nous mène à la femme de cham¬
bre, celle-ci à l’étudiant, l’étudiant
à la femme du monde, et nous pas¬
sons ainsi successivement en re¬
vue le mari, la midinette, Ihomme
de lettres, l’actrice, le comte, Ge¬
Jui-ci se retrouve une nuit dans
la chambre de la fille que nous
avons vue au début; on revoit le
bec-de gaz qui éclaire le talus du
Danube. Le Cercle est fomé; on
rejomtle point de départ: 1 ronde
estrachevée.
Etienne Rer.
Gesigig suite en deurieme pae