II, Theaterstücke 11, (Reigen, 1), Reigen: Frankreich, Seite 47

box 1972
11. Reigen
Ausschnitt aus:
1e Tem P

3 OKT.
vom:
FEUILLETON DU Tempe
Du 3 OCTOBRE 1932
CHROHIOUE THEHTRARE
THEHTRE DE L’HUENUE: d la Rondan, piéce en
dix tableaux, d’Arthur Schnitzler, traduite par
Mme Suzanne Clauser, MMM. Rémon et W. Bauer
THEHTRE DES HRTS: g la hecon d’amour dans
un pare n, piéce en quatre actes de Mid. André
Birabeau et P. de ia Batut, d’après ie roman de
René Boylesse.
Les théätres sont lents à se mettre en mou¬
vement et les grands sujets de réjouissance se
font attendre. Le spectacle marquant de la
semaine nous a été offert par M. Pitoöff,
avec uné pièce étrangère dont l’audace véné¬
rable inspire un affectueux respect. La Ronde,
d’Arthur Schnitzler, date de 1900. Elle n'avait
jamais été jouée en France. En Autriche méme
elle n’exista longtemps qu’imprimée. Les dix
dialogues dont se compose l’ouvrage représen¬
taient la liberté superlative et l’extréme avant¬
garde de la période naturaliste, mais d’un na¬
turalisme sans combats, sans contradicteurs
sérieux et ou la franchise des situations prend
beaucoup moins l’allure d’un principe et d’une
profession de foi que d’un amusement.
Schnitzler, mort le dernier automne, au mo¬
ment ou l’Autriche s’apprétait à féter son
soixante-dixième anniversaire, reste assez peu
connu du public français. Sa gloire charmante
était essentiellement viennoise. M. Paul Gé¬
raldy, qui l’approcha dans les dernières années,
nous a rapporté de lui une image délicate et
jolie.
Oui, lui disait l’auteur de Liebelei, je suis
le meilleur auteur dramatique des romanciers
et le meilleur romancier des auteurs drama¬
tiques.
II habitait une maison pleine de soleil et
meublée dans le style 1830. Il n’y recevait que
de rares intimes. II avait conservé jusque dans
son grand äge une extréme chaleur d’amitié
pour les femmes. Recherchait-il leurs confi¬
La comédienne se précipite dans les
dences? Se contentait-il du bonheur et du
du comte;
parfum de leur passage? M. Géraldy a eru
Et le comte s’étant pris de boisson
déméler en lui quelques nuances de regrets:
trouve chez la prostituée.
la nostalgie du brillant cavalier qu'il regretta
Qu'une seule femme soit fidele et la c
toute sa vie de ne pas étre. II avait de la
naison ne tiendrait plus. Mais il n’en es
tendresse pour les victimes promises à d’autres
question. Chacun des épisodes se décompo
séducteurs, tendresse sincère et enveloppée de
deux temps: avant la chute, après la
mélancolie. Romance, désenchantement, indul¬
Avant la chute romance, promesses mascu
gence mélée d’amertume, et sur tout cela une
furcur passionnée; après la chute, cig
humeur légère qui empécha souvent la cri¬
sifflotements, indifférence et muflerie.
tique allemande de le prendre tres au sérienx.
parle toujours de l’homme, bien entendu.
Schnitzler était Viennois au méme titre que
Cependant la piéce ne se présente pas
Meilhac et Halévy furent Parisiens. Mais son
lement sous une forme circulaire, elle
goüt pour les propos évaporés, les traits d’esprit
aussi l'aspect d’une échelle. (Conciliez ces
et les mots ironiques cachait une inquiétude
images comme vous pourrez...)
beaucoup plus douloureuse. Les aventures fri¬
Le marin, qui vient de laisser la pros
voles qulil invente se dénouent volontiers par
près de son réverbère, rejoint la bonne a
un drame, et l’inconstance de ses personnages
muselte. C’est le premier degré: l’aventu
semble vouée au malheur. Douccur d’aimer
plus simple, rudiments de formalités: c
entre deux valses et désillusions de l’amour.
quoi me serrez-vous comme ça, mon
IIy avait dans son cas une certaine obsession
Francois? " On s’égare dans un recoin
sexuelle. C’est par lä qulil effraya d’abord ses
cur. La farce est jouée. d Dis-moi au n
contemporains, et c’est pourtant par les sen¬
que iu m’aimes! " soupire Mile M
sualités de son charme qu'il parvint à les con¬
Mais François, délivré, retourne déja
quérir. Destinée enviable! L’attachement de
danseuses. Au second degré, certaines fe#
Vienne pour son poête répondait moins peut¬
et certains ménagements commencent
éire à une admiration gu'e une Patitudenée
manifester — ässez falbles encore. Le¬
d’un accord exceptionnel. Son wüvre ne pou¬
homme, fumant son cigare, lit un r
vait s’épanouir que là, et c’est lä qu'elle trou¬
français. La femme de chambre est se
vait sa vraie lumière, II y avait entre les
la cuisine. C’est une chaude aprés-midi
Viennois, les Viennoises et Schnitzler une
II sonne la femme de chambre. & Vous
intimité de confidences dont on ne peut entre¬
gentiment habillée, Marie!) De là auc
voir le secret que sous les ombrages du Prater.
la transition n’est pas très longue. Après
Les audaces de sa Ronde nous parviennent
redevenu patron, il s’éloigne d’un air d
d’une façon bien tardive. Le temps les a
Au troisième degré (le jeune homme
fait pälir. Le titre définit très exactement la
femme mariéc), nous sommes en pleine
figure de la piece, qui s’organise comme un
lisation. Les précautions, hypocrisies, len
ballet circulaire on danseurs et danseuses se
et faux refus deviennent obligatoires. II
tiendraient par les mains. La chaine s’établit
des rites à observer. & Alfred! Alfred l
ainsi:
sez-moi, je vous prie!9 — d Je vous a
La prostituée s’offre au marin;
Emma-! De proche en proche — la #
Le marin séduit la bonne;
rure glisse après la voilette, le manteau a
La bonne céde au jeune homme;
la fourrure — on arrive, non sans diffich
Le jeune homme est l’amant de la femme
au résultat prévu. Après quoi le jeune hon
mariée;
satisfait, dévore quelques solides gäteaus
La femme mariée se retrouve auprès de son
vide un verre de malaga. Au quatrième de
mari;
la civilisation s’accentue encore: le mens
devient double. La femme mariée est auf
Le mari soupe avec la grisette:
de son mari. IIs échangent les politesses
La grisette est conquise par l’homme de let¬
tres;
l’amour en y mélant, à titre de stimu
Lhomme de lettres emmène la comédienne; quelques tendres souvenirs. Le mari ne #