II, Theaterstücke 11, (Reigen, 1), Reigen: Frankreich, Seite 52

box 1972
11. Reigen
oici certaine-]si profondément réaliste et humain de l'ceuvre,
complaisamment. L’autre problème était les
ui nous arrive,
il ne m'avait pas paru possible à l’époque de
changements rapides de milieux et le metteur
ela succession
réaliser complétement la conception de l’au¬
en scène s’en est peu embarrassé en se con¬
au boulevard.
teur. Dans son pays, d’ailleurs, le problème
tentant d’indiquer les fonds et avec des éclai¬
dans un röle
avait paru si malaisé et Schnitzler m’écrivait
rages ingénieux nous a détourné de constater
plus robustes,
que, dans le cas ou j’aurai trouvé une formule
que ces décorations sommaires ou invraisem¬
nsibilité et une
possible, il me serait reconnaissant de la lui
blables, cadraient peu avec le réalisme et la
talent, d’une
faire connaitre. Javoue avoir toujours reculé
vérité de la piéce. On a donc goüté avec plaisir
a petite aven¬
devant ie risque de ramener vers un grossier
une présentation habile et rassurante bien que
et ily a long¬
réalisme et presque de l’obscénité une ceuvre de
son caractère un peu sommaire ait cependant
aris semblable
cette puissance et de cette humanité. II me
laissé dans l’ombre beaucoup de notations psy¬
sant, n's pas
sembla préférable d’y renoncer plutôt que de
chologiques de Schnitzler.
créé par les
la frahir bassement en exploitant un succès de
On pourrait présenter à Pitoëff l’objection
drölerie habi¬
scandale assuré.
plus importante d’avoir fait jouer par sa
ans une amu¬
Inutile de dire avec quelle curiosité on atten¬
femme tous les personnages féminins de la
et M. Jacques
dait la présentation de Pitoêff qui, il faut le
fresque. On conçoit fort bien qu'une actrice ait
uetté un petit
dire tout de suite, y a dépensé une ingéniosité,
été tentée par un pareil tour de force, et Mme
agréable. Mile
un tact remarquables et réussi à nous conser¬
Pitoéff eut raison de l’essayer, puisque son
gclat d'un grand
ver T’originalité audacieuse de l’ouvrage, sans
effort nous a permis d’apercevoir plus d'un
ares, c’est une
soulever le moindre scandale. L’habile metteur
côté encore ignoré de son grand talent de
vant-elle. Les
en scène a escamoté avec adresse l’épisode cen¬
composition. Quelques-unes des silhouettes
par Mmes De¬
tral de chaque tableau, et nous avons pu goü¬
qu'elle nous a présentées, l’acirice, la midinette,
elain trouve 1e
ter une ceuvre-mère d’ou sortirent tant de
la femme de chambre, furent d’une Justesse et
Hlomestique quf
piéces à épisodes, une formule qui, avec le
d’un art achevé, mais, malgré son talent de
oup délégance
temps, a fait son chemin, comme nous le vimes
ie ce spectacle,
comédienne, elle ne pouvait se dépouiller com¬
par l’éclatant succès de Maya et, actuellement,
inement, com¬
plétement de sa personnalité et il s’en est suivi
de cette Chambre d’Hôtel que Gaston Baty
aison.
une certaine monotonie. Ce qui est plus sérieux,
reprend pour la réouverture de la saison.
c’est qu'avec ce procédé, Pitoéff a faussé grave¬
La Ronde est la peinture de la possession
ment le sens et la portée générale de l'ceuvre
Pitoëff cette
amoureuse immédiate et presque brutale dans
de Schnitzler, car ce qui en constitue la puis¬
nitzler célebre
les milieux sociaux les plus différents. Mais
sance, c’est précisément la diversité des types
Et il faut dire,
T’originalité, la supériorité du modéle, c’est
féminins et des tempéraments mis i action.
kerves qui s'im¬
l’unité de ce pocme réaliste et sa continuité,
Imaginez combien avec une comédieline diffé¬
on de la piece,
T’enchainement des multiples et successives
rente pour chaque röle, l'ceuvre eüt pris son
à l'Avenue. on
figures de la fresque ou les héros semblent se
ampleur et sa diversité. C’est le seul reproche
iéce hardie et
donner la main pour un cyele qui s’achéve sur
important que l’on puisse faire au metteur en
ntes de la pro¬
la réapparition du premier personnage entré
scène, et encore combien songeront à le lui
ande. Arthur
en danse, comme sur ces peintures antiques
adresser?
issait dans les
dont la guirlande cercle étroitement le vase
presque égale
décoré. Tous les milleux d’une grande ville
Quelques autres réflexions seraient admissi¬
n les deux
moderne, la rue, le bouge, la chambre de l’étu¬
bles à propos de la mise en scène, simplifiée à
ur les maitres
diant, un cabinet particulier, le boudoir d’une
T’extrème et dépouillée de l'atmosphère sui
forma la scène
actrice, celui d’une femme du monde, enca¬
generis de chaque tableau. Un seul exemple:
rnier.
drent des étres de castes différentes, tous
dans le texte primitif, l’actrice reçoit lofficier
onner la piece
dominés par le délire de l’instinct et la fièvre
encore au lit, à son petit lever; à.I’Avenue, on
d’autant que
subite du rut. La difficulté était d’escamoter
nous la montre en grande toilette de ville dans
pas montrée
suffisamment l’acte essentiel qui doit se repro¬
son boudoir. Cet exemple révele combien de
pour les Tis¬
duire à chaque tableau, et sans la consomma¬
nuances furent sacrifiées pour la commodité
t obtenu de
tion duquel l’étude des réactions qulil déter¬
matérielle du spectacle. Enfin, si jamais la
ère. Mais on a
mine chez chacun deviendrait impossible.
plaque tournante, l'un des procédés si judi¬
e la difficulté
Pitoéff a masqué tout cela, par d’ingénieux
cieusement employés à la Renaissance par M.
nt et sans tri¬
artifices, ne dédaignant point méme de nous
Paston, paraissait utile, c’est bien dans le cas
Ronde, et,
amuser par des procédés un peu féeriques et
présent; malgré sa diligence et le soin avec
le caractèreque T’auditoire, profondément attentif, accepte lequel la mise en scene fut réglée, Pitoëff a
bien été obligé de nous infliger entre chaque
tableau de trop longues minutes d’attente
meublées pauvrement par des auditions de mü¬
sique mécanique. Ainsi la Ronde, qui devrait
être ininterrompue piétine sur place huit on
dix fois dans la soirée, et le mouvement en est
considérablement ralenti.
Les autres interprètes hommes sont tous à
féliciter; le soldat, M. Raymond Dagand, 1e
jeune homme, M. Louis Salou, le mari, M.
Ferny et Pitoëff en officier ont été excellents.
En somme, une représentation d’un intèrêt
extrème et qui attirera de nombreux amateurs
à lAvenue.
1
Le Théätre des Arts nous a donné quatre
actes de MM. André Birabeau et de la Batut,
tirés du roman de M. René Boylesve, la Legon
d’Amour dans un Parc. Joli spectacle que cette
série de petites estampes d’époque dans la
manière de Fragonard et de Lancret, qui eüt
malheureusement exigé une présentation infi¬
niment plus artiste. On eut l’impression de
gravures du xvur siecle reproduites lourdement
et gauchement pour des contrefaçons bon mar¬
ché. La légèreté extréme, pour ne pas dire le
libertinage résolu de ces anecdotes, donnent à
la soirée un piment auquel seront certainement
sensibles les amateurs. La deuxième partie du
spectacle traine un peu, mais, telle qu’elle est,
il faut goüter cette piéce, ou la qualité du livre
est encore perceptible. Certains épisodes,
comme celui de l’Eros mutilé, ne le cedent en
rien aux contes les plus libertins et ils ont été
traités avec une adresse remarquable. Mais, je
le répête, un semblable spectacle exigeait des
gräces achevées, le goüt le plus sür et des res¬
sources. qui, évidemment, dépassent celles du
modeste Théätre des Arts.
L’interprétation était malaisée pour une
troupe d’excellents artistes peu accoutumés à
des ceuvres exigeant le style et la désinvolture
dinterprètes raffinés de Marivaux et de Beau¬
marchais; celle de chez Darzens est un peu
lourde et ne sert la piéce que d’une façon bien
relative. II faut cependant citer Mme Berthe
d’Yd, Paul Castan, Jean d’Yd, Evrard et aussi
Mlle Yvonne Garrick chez laquelle on a re¬
trouvé quelques traces de T’expérience acquise
jadis dans son commerce du répertoire à la
Comédie-Française.
ANTOINE,