II, Theaterstücke 11, (Reigen, 1), Reigen: Frankreich, Seite 56

11. Reigen
box 19/2
„OBSERVER‘
I. österr. behördl. konzessioniertes
Unternehmen für Zeitungs-Ausschnitte
WIEN, I., WOLLZEILE 11
TELEPHON R-23-0-43
Ausschnitt aus:
Extratt de
—am
CA· DADE.
Adrg — 50
#chara
DateR14——
Signe .
LES HECES NOUVELLES
Au théätre de l’Avenue: LA RONDE, par Arthur SCHNITZLER
Une piéce tout à falt extraordinaire, sente — 0 prodiges de Tart Gräfftique#
Mesdames er Messieurs. Une de ces piéces- june prostituée. Elle rencontre un matelot
phares qui jalonnent la route ténébreuse de
à qui elle fait des offres de service. Le ma¬
Thumanité. Le Viennois Arthur Schnitz¬
telot est tenté et il est d’humeur almable.
Jer, qui la perpétra devers l’an 1890, n’est
IIs disparaissent. Un temps. Ils revien¬
pas seulomont in grand poôte, et le poèie
nent. Le matelot assonvi est grossier et
de l'amour; cest aussi un profond psycho¬
pressé de rentrer à la caserne. Ridegu.
logue et un penseur qui plonge dans les
Au second tableau, le méme matelot fait
vérités éternelles. Grand eréateur, pobte
danser dans une guinguette Mme Pitoeff
de l’äme, etc.., Plus il allait, plus sa pensée
qui représente maintenant une bonne inno¬
devenait profonde: elle s’est arrêtée en
cente. Le matelot lui fait la cour, la presse,
1931, quand il est mort à l’äge de soixante¬
la séduit, l’emmène. IIs disparaissent. Un
neuf ans. II est. à l’égal de Gerhart Haupt¬
temps, IIs reviennent. Le matelot assouvi
mann, et bien au-dessus de tous lee Suder¬
est grossier et pressé d’aller danser avec
mnan, le plus grand anteur dramatique de
une autre femme. Rideau.
1’Allemagne contemporaine.
Au troisième tableau, Mme Pitoeff re¬
Also sprach, ainsi parlait la voix des
présente toujours la bonne, et c’est le par¬
gazettes. Quant à La Ronde, que nous al¬
tenaire mäle qui change. Cest maintenant
lions voir chez M. Pitoeff, c’est une de ces
le fils des patrons de la bonne, II a envie
pièces frénét.ques et fulminantes qui ne
d’elle, iI lui fait la cour, la presse, la sé¬
peuvent pas étre comprises par leur
duft, l’emmène. Ils disparaissent. Un
époque. IIy a la-dedans trop de génie et
temps. IIs reviennent. Le jeune homme
aussi trop d’audace. Aussi bien, à Berlin,
assouvi est grossier et pressé d’aller an
elle fut interdite par la censure., Quand on
café volsin pour se rafraichir. Rideau.
la représenta dans Vienne libérée au len¬
On commence à se demander si ce jen
demain de la révolution de 1918, elle y
va durer toute la soirée, et si M. Pitoeff
suscita d’horribles scandales. La pensée
nous a dérangé pour nous révéler une vé¬
conductrice est tellement tragique d force
rité si surprenante. Le quatrième tableau
d’étre poignante que personne n’y comprit
apporte une très légère variante. Le jeune
#rien. Schnitzler se vengea des philistins,
homme séduit de nouveau Mme Pitoeff,
il défendit qu’on jouät sa piéce en Au¬
mais qui figure maintenant une femme
triche et en Allemagne. Chez nous, notre
mariée et honnéte. Après l’éclipse et le
cher et vénéré patriarche, M. Antoine, eut
temps obligatolres, il veut bien rester rela¬
envie de la jouer, mais y renonça à cause
tivement poli. Mais quand sa conquéte
d’une difficulté matérielle: de quelle facon
est partie, sa première pensée est: enfin!
concevoir et réaliser cet éternel feminin
gai séduit une femme mariée.
unique et polymorphe? M. Pitoeff avait
Au cinquième tableau, ca recommence.
enfin trouvé la formule magique, II inau¬
La méme femme mariée est en froid avec
gurait la saison au théätre de l’Avenue en
son mari qui s’efforce de ia reconquérir.
jouant La Ronde, et l’on allaft voir ce que
Elle est encore chaude de la rencontre pré¬
l’on allait voir.
cédente, et pourtant elle cède à son mari.
Après quol celui-ci, fatlgué, va se cou¬
cher en bäillant et en soufflant la chan¬
Volci ce qu’on a vu.
delle. II est possible que la réallté présente
Au premier tableau, Mme Pitoeff repré¬
des scènes pareilles. II n’en est pas moins
vrai qu’étalées en public elles sont pé¬
M
nibles. Nous ne sommes plus assez naif
pour éprouver de ces fausses audaces les
horribles scandales qui ont esponvanté les
Viennois. Mais enfin, il faut bien répéter
pour la millionième fois, depuis les ori¬
gines de l’espéce que si lart doit étre vrai.
toute vérité n’est pas de Tärt. Et puis, ne¬#
pouvoir supporter ces gracienses évoca¬
tions en public, ce n’est pas affaire de théo¬
rie, c’est affalre de nerfs, de goüt peut¬
étre.
Au tableau suivant, car sans doute com¬
mencez-vous à avolr saisi le mécanisme,
on verra le mari tromper sa femme avec
une midinette; puis la midinette se laisser
aller aux bras d’un aufeur dramatique:
pnis Tanter dramatique en bonne fortune
avec une actrice; puis Tactrice en galante
Compagnie d’un officier hongrois aristo¬
crate; pulis, enfin, un solr d’ivresse.
Hongrois aristocrate se retrouve avec le
fille qui ouvrit à la première scène le
ronde avec le
matelot. Car telle est la.
grande pensée d’Arthur Schnitzler, Lo