II, Theaterstücke 11, (Reigen, 1), Reigen: Frankreich, Seite 59

11. Reigen
box 1972
pour la millionlème fols depuis les ori¬
gines de l’espéce que si l’art doit étre vrai.
toute vérité n’est pas de l’art. Et puis, ne
pouvoir supporter ces gracienses évoca¬
ns en public. ce n’est pas affaire de théo¬
rie, c’est affaire de nerfs, de goüt peut¬
étre.
45
Au tableau suivant, car sans doute com¬
mencez-vous à avoir saisi le mécanisme,
on verra le mari tromper sa femine avec
une midinette; puis la midinette se laisser
aller aux bras d’un auteur dramatique;
puis l’anteur dramatique en bonne fortune
avec une actrice; puis l’actrice en galante
compagnie d’un officier hongrois aristo¬
crate; puis, enfin, un solr d’ivresse, le
Hongrois aristocrate se retrouve avec la
fille qui ouvrit à la première scène la
ronde avec le matelot. Car telle est la
grande pensée d’Arthur Schnitzler, La
Ronde qui, comme dit un vers majestueux
de notre Joachim du Bellay.
Montre que tout retourne à son commence¬
Iment.
La vérité n’est pas neuve. Evidemment,
il fallait penser à l’appliquer aux choses
de l’amour, en ce qu'elles ont de moins
noble. Loin que ce dessein paraisse vlvant
et original, il paraft accuser au contraire
les signes irrécusables de l’originalité arti¬
ficielle et de la convention dans la bizar¬
rerie voulue. Ces écoles littéraires font
penser à ces armées de nègres amérlcains
oul, sitôt qu'un coup de canon a fait bouger
les feuilles, l'avant-garde se trouve auto¬
matiquement transformée en arrière¬
garde. Un tactielen audacienx avait mème
proposé un ordre de bataille ou le général
se tenait à l’arrière de la troupe, de ma¬
nière que, sitôt au contact de l’ennemi, il
se retrouve en tête pour diriger la retralte.
M. Schnitzler fait assez bien penser à
ce général. Non que la pièce soit sans mé¬
rite, il s’en faut. Les parties comiques sont
tres savoureuses, plusieurs personnages
sont très bien silhouettés, d’un trait vif,
juste et assez pénétrant. Le spectacle est
parfois génant, il n’est pas ennuyenx, sis
tôt finles les trois premières scènes, quif
sont longues et monotones. Au moins,
M. Schnitzler couvre avec un sourire la
retraite permanente de l’avant-garde. Car,
bien que cette leçon solt superflue, elle rap¬
pelle une föis de plus combien les systèmes
passent vite et paraissent bientôt démo¬
dés. Tout ce qui, dans La Ronde, procède
de la nature de l’auteur est bon et porte la
marque du talent. Tout ce quf relève de
l’école est caduc et porte la marque de
Tarbitraire; et quand les commentateurs
viennent nous dire à retardement que cha¬
cun des personnages porte en lui les carde¬
téristiqucs de Thomme et de la semme,
nous nous permettohs de sourire.
Nous sourions aussi à l’image et au son¬
venir de Mme Pitoeff. La grande pensée
de M. Pitoeff a été de
trancher le nond gor¬
dien en faisant tenir
par elle seule les cind
personnages féminins de
—.
la piéce. L’inconvénient
est évident, le specta¬
teur a besoin d’un effort
pour se rendre compte

qu'elle ne représente plus
la mème femme. Mais
l’avantage n’est pas
moins certain: on volt
cing fois Mme Pitoeff
admirable. Ces cing per¬
sonnages en quéte d’ac¬
trice sont une des cimes
de sa glorieuse carrière.
M. Pitoeff en officier
hongrois paraft dans un
tableau on le décor som¬
maire et la mise en scé¬
ne sont de toute beauté.
WI
Rien que cela vaut la
solrée.
Lucien DUBEO