II, Theaterstücke 11, (Reigen, 1), Reigen: Frankreich, Seite 60

11. Reigen

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pour la millionième fois depuis les ori¬
gines de l’espéce que si l’art doit étre vrai.
toute vérité n’est pas de l’art. Et puis, ne
pouvoir supporter ces gracienses évoca¬
ns en public. ce n’est pas affaire de théo¬
rie, g’est affalre de nerfs, de goüt peut¬
étre.
Au tableau suivant, car sans doute com¬
mencez-vous à avoir saisi le mécanisme,
on verra le mari tromper sa femme avec
une midinette; puis la midinette se laisser
aller aux bras d’un auteur dramatique;
puis l’auteur dramatique en bonne fortune
avec une actrice; puis l’actrice en galante
compagnie d’un officier hongrois aristo¬
crate; puis, enfin, un solr d’ivresse, le
Hongrois aristocrate se retrouve avec la
filie qui ouvrit à la première scène la
ronde avec le matelot. Car telle est la
grande pensée d’Arthur Schnitzler, La
Ronde qui, comme dit un vers majestueux
de notre Joachim du Bellay.
Montre que tout retourne à son commence¬
Iment.
La vérité n’est pas neuve. Evidemment,
il fallait penser à l’appliquer aux cheses
de l’amour, en ce qu'elles ont de moins
noble. Loin que ce dessein paraisse vivant
et original, il paraft accuser au contraire
les signes irrécusables de l’originalité arti¬
ficielle et de la convention dans la bizar¬
rerie voulue. Ces écoles littéraires font
penser à ces armées de négres américains
oul, sitôt qu'un coup de canon a falt bouger
les feuilles, l'avant-garde se trouve auto¬
matiquement transformée en arrière¬
garde. Un tactielen audacienx avait mème
proposé un ordre de bataille ou le général
se tenait à l’arrière de la troupe, de ma¬
nière que, sitôt au contact de l’ennemi, il
se retrouve en téte pour diriger la retralte.
M. Schnitzler fait assez bien penser à
ce général. Non que la piéce soit sans mé¬
rite, il s’en faut. Les parties comiques sont
tres savoureuses, plusieurs personnages
sont tres bien silhouettés, d’un trait vif,
Juste et assez pénétrant. Le spectacle est
parfois génant, il n’est pas ennuyenx, sis
tôt finies les trols premières scènes, quif
sont longucs et monotones. Au moins,
M. Schnitzler couvre avec un sourire la
retraite permanente de l’avant-garde. Car,
bien que cette leçon solt superflue, elle rap¬
pelle une föls de plus combien les systèmes
passent vite et paraissent bientôt démo¬
dés. Tout ce qui, dans La Ronde, procède
de la nature de l’auteur est bon et porte la
marque du talent. Tout ce qui relève de
l’école est caduc et porte la marque de
Tarbitraire; et quand les commentateurs
viennent nous dire à retardement que cha¬
cun des personnages porte en lui les corae¬
téristiques de Vhomme et de la femme.
nous nous permettohs de sourire.
Nous sourions aussi à l’image et au son¬
venir de Mme Pitoeff, La grande pensée
de M. Pitoeff a été de
trancher le neud gor¬
dien en faisant teuir
par elle seule les cind
personnages féminins de
la pièce. L’inconvénient
est évident, le specta¬
teur a besoin d’un effort
pour se rendre campte
qu'elle ne représente plus
la mème femme. Mais
Tavantage n’est pas
moins certain. on volt
cing fois Mme Pitoeff
admirable. Ces eing per¬
sonnages en quéte d’ac¬
trice sont une des cimes
de sa glorieuse carrière.
M. Pitoeff en officier
hongrois paraft dans un
tableau on le décor som¬
maire et la mise en scé¬
ne sont de toute beauté.
Rien que cela vaut la
solrée.
Lucien DUBEGf