11. Reigen
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„OBSERVER
I. österr. behördl. konzessioniertes
Unternehmen für Zeitungs-Ausschnitte
WIEN, I., WOLLZELLE 11
TELEPHON R-23-0-43
Ausschnitt aus:
Extralt de 1—
—
Aidresse
Oet
Dase—
—
Signé
—
zier de Paris
2
& La
Rondes d’Arthur Schnitzler,
au Théätre de I’Avenue.
& Ce qui est curieux chez Schmtzler, ce qui donne du relief d son théätre ei particu¬
lierement à La Ronde, c’est le contraste entre un contenu sans valeur et un contenant
précieux. 9
La compagnie Pitoéff — réduite à six artistes par
ment de couleurs. La pièce, disons-le, exigeait qu’il
la nature meme du spectacle qu’elle nous présente —
en eut, puisque, par neuf fois, il y fallait cacher
vient de monter avec beaucoup de gout et d’ingénio¬
aux spectateurs le neeud de la situation. Lart de
sité une pièce d’Arthur Schnitzler traduite de l’alle¬
Pitoéff consiste à meubler ces silences suggestifs.
mand par Suzanne Clauser, M. Rémon et W. Bauer.
A Ludmilla Pitoéff revient une part notable du
Une piéce? Pas exactement. Ce sont dix dialo¬
succès de la soirée. Elle est successivement la fille,
gues distincts. Aucune intrigue proprenient dite ne
la femme de chambre, la jeune femme, la midinette
les relie entre eux. Quant à l’action intérieure à
et l’actrice. Elle occupe donc la scène continument,
chacun de ces dialogues, elle est rudimentaire et
ce qui constitue une espéce d’acrobatie artistique
partout la méme. Elle comporte trois mouvements :
dont elle se tire à son honneur. II n’est pas en son
un homme s efforce d’obtenir qu'une femme se donne
pouvoir de beaucoup modifier sa voix. Elle compose
à lui; tandis qu’il y réussit, le rideau tombe un
du moins ses attitudes et, sa mimique avec cette
instant ou bien le décor pivote; I’homme et la femme
habileté, cette agilité et ce sentiment de l’ensemble
se retrouvent face à face et puis se séparent aprés
qui lui appartiennent et dent elle n’a jamais fait un
une conversation dont le rythme et le ton viennent
plus adroit usage.
de subir un singulier changement.
M. Raymond Dagand a du mérite à étre un soldat
Le premier dialogue a lieu la nuit, près du Danube,
mal équarri. C’est à M. Louis Salon qu’incombe la
entre une fille et un soldat; il est brutal et la fille
täche peu aisée de jouer la scène du n fiasco o vite
nen tire aucun bénéfice pécuniaire; le second abou¬
réparé, II s’en acquitte avec goüt et discrétion et
tit à la déconvenue d’une femme de chamhre délais¬
ce nest point sa faute, mais bien celle de Tauteur,
sée par le soldat aussitôt après qu'elle lui a cédé; le
si, personnifiant ensuite T’homme de lettres, il se
troisième marque un bref succès de la femme de
voit obligé de verser un tantinet dans la caricature.
chambre auprès de son jeune maitre; mais ce der¬
M. Geno-Ferny est assez subtilement un mari égoiste,
nier s’empresse d’aller au café des qu il a obtenu ce
suffisant, sans-gène et étranger au sentiment de la
qu’il voulait. Le quatrième, un des plus curieux et
justice, bref un mari comme les femmes en subis¬
des mienx venus, est Thistoire d’un e fiasco n du
saient, parait-il, jadis, tout en prenant quelque
jeune homme qui a bien su avoir un rendez-vous
plaisir à les bafouer Quant à M. Pitoöff, i! apporte
de la femme du monde, mais qui ne se montre pas
vraiment trop de modestie à ne point permettre qu'on
du moins des l’abord .— capable d’en profiter.
T’entende.
Le cinquième met en présence la jeune femme et
le mari; sous couvert dune scène d’amour, c’est ici
la naissance du désir d’infidélité qui est suggérée
avec une sobre et délicate ironie. Au sixième, le
Si cette pièce avait été composée récemment, on ne
manquerait point de remarquer qu'elle se ressent de
mari rend, sans le savoir, à la jeune femme la
monnaie de sa piece en la trompant aver une midi¬
l’influence du cinéma par le penchant dont elle
nette et en organisant une liaison stable. Au sep¬
témoigne à schématiser les röles et à éluder tout
tieme, la midinette fait la connaissance intime de
T’essentiel du métier dramatique qui est de faire pro¬
Thomme de lettres et Arthur Schnitzler juge ses
gressivement converger T’attention sur le fond dun
confrères sans bienveillance. Le huitième est un
caractère. Mais les héros de Schnitzler n’ont ni fond
véritable concours de cabotinage entre Tactrice et
ni caractère; ce ne sont que des prétextes. Au de¬
Thomme de lettres. L’auteur ne se montre d’ailleurs
meurant, La Ronde a été écrite bien avant la fin du
CiAr
pas moins sévère envers les hommes du monde et
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—
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Oet
Dase—
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Signé
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zier de Paris
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& La
Rondes d’Arthur Schnitzler,
au Théätre de I’Avenue.
& Ce qui est curieux chez Schmtzler, ce qui donne du relief d son théätre ei particu¬
lierement à La Ronde, c’est le contraste entre un contenu sans valeur et un contenant
précieux. 9
La compagnie Pitoéff — réduite à six artistes par
ment de couleurs. La pièce, disons-le, exigeait qu’il
la nature meme du spectacle qu’elle nous présente —
en eut, puisque, par neuf fois, il y fallait cacher
vient de monter avec beaucoup de gout et d’ingénio¬
aux spectateurs le neeud de la situation. Lart de
sité une pièce d’Arthur Schnitzler traduite de l’alle¬
Pitoéff consiste à meubler ces silences suggestifs.
mand par Suzanne Clauser, M. Rémon et W. Bauer.
A Ludmilla Pitoéff revient une part notable du
Une piéce? Pas exactement. Ce sont dix dialo¬
succès de la soirée. Elle est successivement la fille,
gues distincts. Aucune intrigue proprenient dite ne
la femme de chambre, la jeune femme, la midinette
les relie entre eux. Quant à l’action intérieure à
et l’actrice. Elle occupe donc la scène continument,
chacun de ces dialogues, elle est rudimentaire et
ce qui constitue une espéce d’acrobatie artistique
partout la méme. Elle comporte trois mouvements :
dont elle se tire à son honneur. II n’est pas en son
un homme s efforce d’obtenir qu'une femme se donne
pouvoir de beaucoup modifier sa voix. Elle compose
à lui; tandis qu’il y réussit, le rideau tombe un
du moins ses attitudes et, sa mimique avec cette
instant ou bien le décor pivote; I’homme et la femme
habileté, cette agilité et ce sentiment de l’ensemble
se retrouvent face à face et puis se séparent aprés
qui lui appartiennent et dent elle n’a jamais fait un
une conversation dont le rythme et le ton viennent
plus adroit usage.
de subir un singulier changement.
M. Raymond Dagand a du mérite à étre un soldat
Le premier dialogue a lieu la nuit, près du Danube,
mal équarri. C’est à M. Louis Salon qu’incombe la
entre une fille et un soldat; il est brutal et la fille
täche peu aisée de jouer la scène du n fiasco o vite
nen tire aucun bénéfice pécuniaire; le second abou¬
réparé, II s’en acquitte avec goüt et discrétion et
tit à la déconvenue d’une femme de chamhre délais¬
ce nest point sa faute, mais bien celle de Tauteur,
sée par le soldat aussitôt après qu'elle lui a cédé; le
si, personnifiant ensuite T’homme de lettres, il se
troisième marque un bref succès de la femme de
voit obligé de verser un tantinet dans la caricature.
chambre auprès de son jeune maitre; mais ce der¬
M. Geno-Ferny est assez subtilement un mari égoiste,
nier s’empresse d’aller au café des qu il a obtenu ce
suffisant, sans-gène et étranger au sentiment de la
qu’il voulait. Le quatrième, un des plus curieux et
justice, bref un mari comme les femmes en subis¬
des mienx venus, est Thistoire d’un e fiasco n du
saient, parait-il, jadis, tout en prenant quelque
jeune homme qui a bien su avoir un rendez-vous
plaisir à les bafouer Quant à M. Pitoöff, i! apporte
de la femme du monde, mais qui ne se montre pas
vraiment trop de modestie à ne point permettre qu'on
du moins des l’abord .— capable d’en profiter.
T’entende.
Le cinquième met en présence la jeune femme et
le mari; sous couvert dune scène d’amour, c’est ici
la naissance du désir d’infidélité qui est suggérée
avec une sobre et délicate ironie. Au sixième, le
Si cette pièce avait été composée récemment, on ne
manquerait point de remarquer qu'elle se ressent de
mari rend, sans le savoir, à la jeune femme la
monnaie de sa piece en la trompant aver une midi¬
l’influence du cinéma par le penchant dont elle
nette et en organisant une liaison stable. Au sep¬
témoigne à schématiser les röles et à éluder tout
tieme, la midinette fait la connaissance intime de
T’essentiel du métier dramatique qui est de faire pro¬
Thomme de lettres et Arthur Schnitzler juge ses
gressivement converger T’attention sur le fond dun
confrères sans bienveillance. Le huitième est un
caractère. Mais les héros de Schnitzler n’ont ni fond
véritable concours de cabotinage entre Tactrice et
ni caractère; ce ne sont que des prétextes. Au de¬
Thomme de lettres. L’auteur ne se montre d’ailleurs
meurant, La Ronde a été écrite bien avant la fin du
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pas moins sévère envers les hommes du monde et
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