II, Theaterstücke 11, (Reigen, 1), Reigen: Frankreich, Seite 84

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11. Reigen
TELEPHON R-23-0-43
usschnitt aus:
6a
vom:
Eatralt de:
TT7--
DEVENTAL
Adresse
BRUNELLES
Date
9 OpTOBRE 1932
Siqnauure alde Rnen
EEmstling
Al'Avenue, Pitoöff et sa compagnie jouent la Ronde,
de Schnitzler. J'’imagine que ces dialogues enchainés
l’un al autre par le chevauchement de l'un des deux per¬
sonnages sont trop connus pour que j’en parle longue¬
ment. Pour mon goüt, je trouve terriblement suranné
cet appétit d’effréné cynisme et bien germanique ce
naturalisme fielleux. La mise en scène de Pito ff est
fort habile et Mme Pitoëff s'efforce de nous prouver
qu'elle n’eut pas tort de prétendre à faire, tour à tour,
chaque personnage féminin: la fille, la gouvernante,
la mondaine, l’épouse, la grisette, l’actrice, etc. La täche,
pour quiconque, était proprement insurmontable.
POLEZEILE 11
TELEPHON R-23-0-43
Ausschnitt aus:
vom:
Extroit de:
LA WILLONB
Adresse
LIEGR
Date:
10 OCTOchE 1932
= Signature
Zapo
Le Theaue & Paris
THEATRE DE LAVENUE: (La Ron¬
des, comédie en dix tableaux. d’Arthur
Schnitzler. — ThEATRE DES VARIE.
TES Avrils, comédie en trois actes
de Georges Berr st Louis Verneuil.
Arthur Schnitzler est un écrivain vien¬
nois, qui aurà du attendre de nombreug
lustres et sa mort pour aue sa principale
ceuvre dramatique soit enfin représentée
à Paris.
Et — suprème déconvenue! — cette
expérience vient trop tard. Non à cause
de la valeur intrinseque de cette comé¬
die. Bien au contraire, dLa Ronden éton.
ne autant par l’audace de sa conception,
de son thème et de son exécution que
par la franchise et la pureté d'un style
tout classique. On sait peut-étre que dla
Ronde n figure, à la manière d'une danse
macahre, l'effroyable monotonie de l’ac¬
couplement sexuel, auf nivelle toutes les
conditions sociales. Chaque tableau dé¬
legue, à tour de röle, son personnage
male ou femelle pour que celui.ci susel¬
te dans une autre scène une nouvelle il.
lusion qui aboutit à la méme réalité.
C’est ainsi que le matelot prend la fille,
que la fille amuse le jeune bourgeois,
que ie jeune bourgeois séduit la femme
du monde, que la femme du monde res¬
te soumise à son mari, que ce mari dé.
bauche la midinette, que la midinette
plait à l'auteur dramatique, que l’auteur
dramatique est le jouet de la comédien¬
ne, que la comédienne gallumen le com¬
te, que le comte, par une nuit de saou.
lerie, finit dans la chambre de la fille,
onl coucha le matelot. Et ainsi la ronder
est close
Chaque scène a pour objet central un
long silence au cours duquel les deux
protagonistes — il n’y a jamais d’autre
personnage — sont censés faire l’amour.
Et, en dépit de la hardiesse érotique de
cette série., d’actes, ceux-ci pätiraient
vite de la monotonie que veut dénoncer
l'auteur, si l’aspect et les circonstances
de chacun de ces accouplements n’é¬
taient nuancés avec une rare virtuosité.
une ironie et une acuité psychologiques
qui sont un régal littéraire.
Ah! que d La Rondes a mérité le suc.
ces qui l’accueillit pendant de longues
années par I’Europe entière. L'ceuvre est
restée tout aussi vivace au'elle dut lêtre
à sa création et, cevendant, elle n’offre#
plus qu'un intérêt rétrospectif.
C’est que le théätre est en danger et
que des pièces telles que d La Ronden
nont plus le droit d’étre du théätre.
Cette succession de tableaux pouvait pa¬
raitre un spectacle plein d’esprit au
temps ou le cinéma, expression du mé¬
canisme moderne, n’offrait pas aux re¬
gards de Ihomme son plaisir le plus sür
le plus complet et de plus rapide. Au¬
jourd'hul, l'intelligence évocatrice de la
stylisation de ces décors de théátre nien
compense pas # lenteur, l’immobilité.
l’imperfection technique. Le cinéma peut
faire mieux. Sans doute, il v a le relief
et la couleur: combien de teros cette
gupériorité provisoire dureratt-elle enco¬
re? Des maintenant, elle parait. d’ail¬
leurs, bien illusoire.
Non. II faut que le théätre reprenne
conscience de ce quf est l’essence de son
esthétique: Thomme en action. En de¬