II, Theaterstücke 11, (Reigen, 1), Reigen: Frankreich, Seite 87

11. Reigen
box 19/2
Nr un Daut
INTERWILW
Eatrall d.
Cité Rougemont, 3, IX•
Adresse:
bate 13 OCTOBRE 1932
Signature:
PC
S PECTACLES
EN ZIGZAG
Les théätres ne chöment guère ces
jours-ci puisque, presque tous les soirs,
nous sommes conviés à aller volr une piéce
nouvelle et, s’ily a du chömage à redou¬
ter, ce sera surtout, semble-t-il, parmi les
spectateurs: il faut bien le dire, les pié¬
ces que l’on offre au public depuis quel¬
ques jours ne brillent ni par leur dröle¬
rie, ni par leur charme, si, toutefois, on
excepte une comédie de grande classe,
Bourrachon, dont le Théätre-Antoine
vient de faire une reprise fort réussie.
Mais la saison commence à peine. Il
serait prématuré d’étre pessimiste. Peut¬
être, au contraire, faut-il se féliciter de
pouvoir citer toutes les piéces de la se¬
maine passée dans une seule chronique
alors que l’on regretterait, si l'une d’elles
méritait une mention particulière, d’étre
obligé de se contenter d’un rapide comp¬
#te rendu.
Au Théätre de l’Arenue: LA RONDE,
piéce en dix tableaux d’Arthur
Schnitzler.
Quel est le thème de la piéce d’Arthur
Schnitzler, La Ronde? Peut-étre l’auteur
a-t-il voulu nous prouver que l’amour,
sans les gestes qui l’accompagnent, serait
beau; mais, sceptique jusqu'au bout, il
semble indiquer que cet amour-là n’existe
pas. Peut-étre a-t-il cherché à nous mon¬
trer que les hommes sont empressés au¬
près des femmes, avant la conquéte,
indifférents et à peine polis aprés. Mais
nous nous en doutions dejà un peu. Peut¬
être, plus simplement, a-t-il tenté de
nous montrer la monotonie de l’amour
quels qu'en soient les acteurs. En ce cas,
il n’y aurait que trop bien reussi!
Quoi qu’il en soit, volci I'histoire:
Mme Ludmilla Pitoeff parait tour à tour
en fille, en femme de chambre, en jeune
femme, en midinette, en actrice et, cha¬
que fois, elle tombe dans les bras d’un
nouveau partenaire. le marin, le jeune
homme, le mari, l'homme de iettres, l’of¬
ficier. Les partenaires occupent chacun
deux tableaux à la fin desquels la femme,
en mème temps que le rideau, tombe,
Mmne Pitoeff est donc obligée de pécher
dix fois au cours de chaque représenta¬
tion. C’est beaucoup, surtout les jours
féries!
Arthur Schnitzler a peint avec beau¬
coup de finesse les différents types d’hü¬
manité qu’il nous présente: sous des
apparences différentes, ils se ressemblent
tous au fond lorsqu'ils sont aux prises
avec l’amour. Monotonie voulue, sans
doute, mais qui, néanmoins, s’appesantit
un peu trop sur toute la piéce.
Mme Ludmilla Pitoeff incarne ses dif¬
férents röles avec un talent infini et un
parfait don des nuances. M. Géo Ferny,
en mari, M. Dagand, en marin, M. Salou,
en jeune homme, ne méritent aucun re¬
proche. M. Pitoeff, en officier, fait — une
fois n’est pas coutume — de louables
efforts pour ne pas hurler son röle. C’est
surtout à M. Pitoeff metteur en scène
qulil faut rendre hommage, car il n’a pas
son égal pour faire, avec un peu de car¬
ton, des coussins et des projecteurs, des
décors remarquablement évocateurs.