II, Theaterstücke 11, (Reigen, 1), Reigen: Frankreich, Seite 101

11. Reigen
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LA REVUE DE PARIS
ralisme pas mort!###reste encore de nos jours, le cri de rallie¬
ment de quelques-uns. Les deux ouvrages, au surplus, ne sont
pas sans analogie.
La Ronde nous montre, en dix tableaux, que les manéges
du désir sensuel sont les mèmes dans toutes les classes, et que
seules les différences d’éducation en varient les grimaces et le
vocabulaire: la prostituée raccroche le matelot; le matelot
débauche la petite bonne; la petite bonne se livre au fils de
famille; le fils de famille obtient les faveurs de la femme du
monde; la femme du monde retrouve son mari; le mari
entraine la grisette; la grisette aguiche l’écrivain; l’écrivain
courtise la comédienne; la comédienne séduit le comte; le
comte échoue, un soir d’ivresse, chez ia prostituée; et ainsi
le cercle est fermé.
Le theme de Chambre d'hôfel est moins spécial, en ceci qu'il
vise à faire défiler devant nous, dans un cadre unique: une
chambre banale d’un quelconque hôtel garni, les aspects divers
de l’existence. Divers, mais, bien entendu, seulement dans le
grotesque et le lamentable, qui sont le domaine, la chasse
gardée du naturalisme, Entre les deux spectacles, la ressem¬
blance réside dans une sorte de mouvement cyclique, dans
le retour fatal des mèmes médiocrités. Un certain air de
famille apparait encore dans le pessimisme d’école qui préte
sa couleur à la Ronde et à Chambre d’hôfel. Chose curieuse,
il semble que ce soit le jeune auteur qui, dans la vonduite
des scènes, dans le ton du dialogue, dans l’écriture, demeure
le plus fidele à l’esthétique ancienne, à la formule de la
a tranche de vie v. Mais il se pourrait que notre jeune compa¬
triote eüt des qualités de force que le vieil artiste viennois,
infiniment plus nuancé, ne possédait pas. Le charme de
Schnitzler est ailleurs, dans la résonance de son esprit mème,
dans sa sensibilité avertie, sa finesse narquoise. Et c’est
pourquoi nous disions, en commençant, que'son naturalisme
est surtout extérieur.
L’optique des scénes, dans la Ronde, n’est allement
T’optique e vériste ), la reproduction photo phique du
réel; plutôt une transposition délicate de la alité brute
sur le plan d’une raillerie gracieuse et mélancolique. On a
peine à comprendre aujourd'hui que certains passages de la