II, Theaterstücke 9, (Der grüne Kakadu. Drei Einakter, 3), Der grüne Kakadu. Groteske in einem Akt, Seite 68

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ruene Kakadu
9.3. Der
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Au Perroquet vert a été, pour moi, le grand
attrait de la soirée. Cest une véritable curiosité
archaique dont s’est fort réjouie ma curiosité de
dilettante. Le Perroquet vert, c’est un cabaret
souterrain en 1789, sorte de bouge, comme ily
en eut de nos jours, sous le second Empire, ou
des gens du monde prenaient plaisir ä se fröler
aux coquins et aux escarpes. Le cabaretier
Prosper exploite cette curiosité malsaine, avec
une particulière habileté. Comme Bruant, il in¬
vectiveles clients à mesure qu'ils arrivent, cequi
est considéré comme une plaisanterie exquise
par ceux-ci. Puis, pour corser la représentation,
il a une série d’acteurs engagés, qui jouent les
assassins apocryphes, racontent de terribles his¬
toires de brigands, avec tant de naturel qu'on
confond les comédiens avec les escarpes. Ces
vrais ont méme moins de réalisme que les si¬
mulés, ils sont plus päles. Mais voilà ob T’action
se complique, l’un des comédiens, Didier, vient
raconter — c’est un röle imaginé par lui —
qu'ilja assassiné le duc de Cadignan, qui le
trompait avec sa femme, la danseuse Léocadie.
Le récit est fait avec une telle vérité, que
Prosper, Jui-méme, s’y laisse prendre: &Tuas
tué le duc! — s’écrie-t-il, — qui donc t’a dit
qu'il était l’amant de ta femme? Moi, je le sa¬
vais, mais je n'ai jamais osé tele Jire s! Pour
le pauvre Didier le ccup est mortel, il ignorait
la vérité, elle le foudroie, et comme le duc entre
au cabaret, il se jette sur lui ct le poignarde,
pour de bon, cette fois. On veut T’arrêter, mais la
comédie devient intense: bruits, cris, tambours,
etlafoule hurlant envahit le cabaret:Que cette
figuration est bien régléel) s’écrient les gen¬
tilshommes qui croient à une mise en scène du
cabaretier Prosper, alors que cette foule, c’est
la Révolution qui grouille, car la ##figuration:
vient de prendre la Bastille!
Rien de plus étrange
que cet acte, mélange
mouvementé comme
de fiction et de réalité,
une émeute, lancinant comme un cauche¬
mar.
Félix Duquesnel
er, Saverne; Mines Grunmaeng1 9e
int ##on, Ellen Andrée.
1a
La troisième pièce, la u solie n, comme dit
tio
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T’affiche, g’est encoré un tableau de la Révo¬
ni
lution. Mais combien saisissant! On dirait! pr
une page de Lenotre. (Aistvie asteedehaud ca
C’est le jour de la prise de la Bastille, dans
6n
un cabaret appelé le Perroquet-Vert, quelque
chöse comme le n Bruánt n de l’époque. Dans
une cave basse, les grands seigneurs vien¬
nent boire du vin, se faire insulter d. bou-L
che-que-veux-tu par le patron, se frotter aux
souteneurs et auf assassins. Tous ces assas¬
sins, naturellement, n’ont que haihe pour les
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aristocratés. Aussi, lorsque la Bastille est
I
prise, ils se jettent sur eux et les iuent. Une
intrigue — simple dans son atrocité — corse
la chose: le premie röle du eabaret, Didief,
tue sa femme, l’actrice Léocadie, ainsi que
son amant, le duc de Cadignan. Ce qui fera ie
succès, c’est la vie, le mouvement, le pittö¬
resque, le coloris truculent de ce tableau. Et
comme tout cela est mis en scène! Oue les
mouvements de foule sont bien réglés!
A signaler, dans l’interprétation: MM. An¬
toine (le commissaire de police), Marquet (Di¬
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dier), Tervil, Matrat; Mmnes Grumbach, Van
ie Doren, Jeanne Lion, Colas, Barsange et Mar¬
re-ley.
Zobondais
Pour finir, Au Perroquet vert, une
curieuse pièce qui a au moins le mérite
de la nouveauté. Nous sommes, le 14 juil¬
let 1789, dans le cabaret du & Perroquet
vert a. Cest une sorte de bouge ou la
nobiesse vient chereher-parmi les pires
canailles des sensations inédites. Pros¬
per, le parron de cet étrange établisse¬
ment recrute des individus qui passent
aux yeux de la noble clientèle pour des
malandrins, des voleurs, des assassins.
IIs sont payés pour raconter des forfaits
imaginaires terribles et donner le petit
frisson aux seigneurs et aux belles da¬
mes blasées. L’originalité et la trouvaille
c’estle mélange saisissant du truqué et
du réel: un véritable assassin qui a réel¬
lement g refroidi v sa tante, mais qui
ignore l’art de dramatiser une histoire,
est traité d’ C amateur # et conspué par
T'assistance, tandis que celle-ci nest pas
éloignée de croire à Pauthenticité du poi¬
gnant récit que lui fait le célèbre acteur
Didier. Cet acteur, pour terroriser son
public de choix, invente un drame saisis¬
sant: il raconte qu'il vient de tuer le¬
due de Cadignan, qulil a surpris avee sa
femme Léocadie, la célèbre comédienne.
Ille fäit avec tant de vérité, de désespoir,
die. fureur, d’égarement simulés, que
Prosper lui-mème, le patron, s’y laisse
prendre.
Tu n'ignorais donc pas ce que nous
savions tous? lui dit-il.
Gest une révélation pour Didier. Il ap¬
prend ainsi que la fable de la trahison
de sa femme, par lui imaginée comme
prétexte à jouer la comédie, est une
chose vraie, connue de tous, et, dans un
accès de colère-terrible, il poignarde le
duc de Cadignan, qui survient.,. Le dé¬
sarroi et le tumulte sont portés à leur
comble par T’arrivée d’une froupe de ré¬
volutionnaires, ivres de sang, qui vien¬
nent annoncer la prise de la Bastille et
se ruent sur la petite troupe des grands
seigneurs.
Dans cette pièce, dontla misé en scène
compliquée est admirablement réglée,
toute la troupe du théätre Antoine donne
avec conviction et intelligence. M. Mar¬
quet est un superbe Didier; Matrat, un
Prosper tour à tour hon enfant et tragi¬
que: Signoret, un duc de Cadignan dis¬
tingué; Degeorge, un curieux Grasset
tonitruant; Berthier fait de Scevola une
pittoresque silhouette. Dans ce milieu
sinistre, des femmes mettent une note
de gräce qui n’est pas de trop, ce sont
Mmes Grumbach, Van Doren, Luce Co¬
lus, Barsange et Marley.
Emmanuel Arène.
Eigene