II, Theaterstücke 5, Liebelei. Schauspiel in drei Akten, Seite 1582

. Liebeler
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lit la vie de ses röles, elle seit le conser¬
ver pour eyprimer une profonde douleur
st après nous avor enchanté par le
charme de se gaité primesautière elie
nous serre, elle nous brise le # zur, en
nous la montrant sétioler, s’eteindre,
mourir devant le malheur.
Saus doute c’est dans des pieces fran¬
çaises qu'elle a remporté quelques-uns
de ses beaux succès. Gestie röle de Su¬
zanne dans ie Mondeot Ton sennnie qui
T'a mise en évidence. Cyprienne et Dora
ont compté parmi ses triomphes les plus
éclatants. II eut été instmment intéres¬
sant pour des Français de lä voir inter¬
préter le röle de Cehmène. Jestime tou¬
tefois qufelle a raison de venir à Parris
comme # femme du Nord ##et d’y hyrer
cränement bataille à la fois poureson
art si personnel et pour toute la jeune
Ccole dramatique allemande, sous ie pe¬
tronage du grand maitre Gesthe.
Nora, dlbsen. la Cloche enchantée,
( Hauptmann, Liebelei, ce drame si finel
si émouvant de Schnitzler, 16 Tägnes de
T Amonwet de fa Mer, de Jean-Baptiste de
Sudermann, Faust, de Gethe, telles sont
en affe! les pièces bien allemandes qu'elle
ver drait faire connaitre auft Parisiens.
Par une délicate attention, elle jomt à
son programme la Jungfrauvon Orléand
de Schiller, qui n’est pas la meilleure
pièce du grand poete, mais qui d’un bout
alantre est traversée d'un grand souffte
d’amour pour la France.
Etc’est cette sympathie spontanée, cet
élan irrésistible que j'ai retrouzés chez
les Ailemands pourtant patriotes. Elléa
Presque renoncé au théätre qur la tuait
lentement. Elle ne joue guère plus qu'un
mois en deux dlans Tannée, quand eile
est reprise par sa passion invincible.
Elle vit à l’écart. pour son mari et pour
son fils. Elle est riche. Et pourtant, dans
cette villa rendue somptueuse par de ma¬
gnifiques tableaux de l’école vénitienne,
héritage de famille de M. de Minotto, cette
grande actrice, qui est l’enfant gätée de
toute l'Allemague, qui refuse dédaigneu¬
sement des engagement magnifiques, ne
songe avec passion qu'à use chose: Jouer
à Paris et le conquérir.
Paris Mecque de la civilisation mo¬
derne v, ces mots d’un philosophe, me
revenaient sans cesse dans la mémoire,
tandis que j’écoutais Mme Sorma Sexal¬
ter sur son idée, les veux luminenx, en
proie à son rüve,: Faire connaitre##u
grand Paris un pen de l’äme allemande
et tächer de la lun faire aimer.
De tous côtés on me dit: & Comme
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vous avcz du courage! Moi je ne#
trouve pas. Firai à Paris, pleine de
confiance dans la courtoisie et dans la
largeur d’esprit des Français!
Elle ira, entourée. d’une troupe d’élite,
elle demandera à Kainz, T’acieur vien¬
nois de si grand fälent, de T’acsompa¬
gner. Elle initiera ies Français à T’euvre
de Gerbardt Fauptmann, dont elle est
T’amic et méme un peu la collaboratrice.
Nest-ce pas pour elle, et sur sa de¬
mande, qu’Hauptmann a accompli ce
tour de force de changer en une nuit le
debut du cinquième acte de la Cloche en¬
chantée et de composer, la veille de la
répétition générale, les stances délicien¬
ses que murmure Rautendelein?
Ellé ira, joueraet vaincra, car, tels que
je connais mes chers Parisiens, attentifs
a toute beauté nouvelle, ils enveloppe¬
ront de sympathie l’interprête d’une
forme d’art nouveau, à la plupart in¬
connu. Et ce sera un gain pour la pen¬
sée française qui, de tout temps et
comme par tradition nationale, s’est en¬
richie de sucs étrangers, pour pousser
aussitôt des rejetons drus et forts, qu’à
son tour le monde admire.
Ch. Bonnefon.
RRAA A

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