La piece et le Fümrcompares. - Ce qu en a tait Ophuls. - De
la littérature pour midinettes. La mise en scene de Pitoëff.
Par une heureuse colneidence, on
Non pas du cinéma non filmé, jest considérablement plus étendue
9 jonait ces jours derniers à Bruxelles
bien entendu.
que celle de la pièce.
∆la pièce dont fut tiré le film du
Qu'en a fait le cinéaste?
Le cinéma, pour parler comme
∆ mème nom: & Liebelei v. que l’on
Tles scolastiques, est un art d’exten¬
X projetait dans le mème temps.
sion, le théätre un art de compres¬
Richesses du film
sion
La piéce est d'Arthur Schnitzler
Ophuls a considérablement enri¬
Disons encore que le cinéma est
2 qui est mort à Vienne en 1931. Elle
chi l'atmosphère de la piéce, II lui
un art centrifuge et le théätre un
S fut créée en 1895, ily a donc envi¬
a conféré un charme, un envoülte¬
art centripéte.
P ron quarante ans, au Burgtheater de
ment dont le théätre est aujourd'hui
* Vienne. Le film est de Max Ophuls,
bien peu capable. Qu plutôt, Ten¬
9 cinéaste autrichien.
Et appauvrissement
vodtement dont nous sommes l'ob¬
Chose curieuse: alors que Toeuvre
jet au théätre, en certains cas, est
Du theätre
nous avait paru mince et menue au
d’une autre nature, II est diune na¬
théätre, sauf la scène finale; alors
einématographique
ture éveillée. Au cinéma, devant les
que nous ne lui trouvions que la
images décolorées, dans la pénom¬
SChose curiemse; la piéce qui pa¬
mérite d’une banalité de sentiment
bre de la salle, nous tombons dans
Kraissait à peu près en mème temps
et de langage notee avec précision
une sorte d’état second, une hyp¬
gque le cinématographe naissait,
jet une extrème justesse, le film nous
nose. Et c’est un premier point.
eseible répondre à un besoin de
Ia paru plus grave.
Nous nous gardons bien de com¬
# T’esprit contemporain que le cinéma
Le film ne fait pourtant qufex¬
parer la seule mise en scène de
° précisément allait combler.
ploiter le dialogue de Schnitzler. Et
Pitoöff à celle d’Ophuls, car ce se¬
### Il semble en effet qu'à l’époque
loin d’y ajouter, ily retranche.
rait injuste pour Pitoëff qui ne dis¬
S quelque chose, dans T’esprit, appe¬
Et du reste le film tout entier est
pose que d’une scène tandis
K lait le cinéma. Ce quelque chose,
un retranchement.
qu'Ophuls disposait de studios et de
* c’est un besoin, né sans doute de
Et ceci est encore très significatif,
plein air, le champ du monde étant
amour et de la pratique des
non pas des aptitudes du cinéma,
ouvert au cinéma. Et ily aurait au
9 sciences: un besoin d’analyse scien¬
mais de l'usage que l’on fait aujour¬
surplus danger de faire reposer un
tifique et d’observation exacte, de
dhui de cet instrument.
parallèle entre le cinéma et le
∆notation, toutes choses à quoi le
théätre sur le seul exemple d’une
6 Liebelei n, on a traduit ce titre
S cinéma st éminemment apte.
mise en scène de part et d’autre,
par 6 Flistoire d'Amour v. Or ce
##l Dr, la piéce de Schnitzler est
car il faudrait d’abord établir que
nest pas cela. 6 Liebelei n, c’est
Kfaite de cela. Elle reconstitue, minu¬
les deux responsables sont de mème
„ Amourette 9, 6 Jeu d’amour n et
tieusement, selon les moyens que le
force, chacun dans son domaine.
plutöt: 6 L'amour en se jouant „.
Htlätre met à la disposition de l'au¬
Mais voilà le deuxieme point.
Voilà la nuance. Schnitzler y a mis
teur, T'atmosphère et le milieu vien¬
une intention amère vis-à-vis du bel
Alors que Pitoëff est obligé de
nois de la fin du XIXe siècle.
officier qui fait dans sa pièce trop
faire tenir sa piéce — et plutöt
Par là, par cet esprit d’analyse,
hon marché du cceur de Christine.
Schnitzler Jui-mème y était obligs
2 lahpièce était en quelque sorte an¬
II s’engage, à demi tout au moins,
— dans un ou deux décors, Ophuls,
nähciatrice du cinéma, Elle le pré¬
vis-à-vis de Christine, tandis qulil
lui, peut multiplier les décors à
fignrai, peut-on dire. Elle n'ambi¬
est encore lié ayec la baronne. II y
son gré.
tiahne en premier lieu que de repro¬
a donc dans le personnage de la
II peut de la sorte donner à l’ac¬
duire l’image de la vie, ce qui est
piéce une nuance de duplicité qui le
tion incluse dans la piéce de
lahission mème du cinéma. Cest
rend infiniment plus près de la vie
pourquoi du reste elle est rangée Schnitzler tous ses développements.
et infiniment moins sympathique.
* parmi le théätre naturaliste, dont le La piéce ne nous montrait pas la
Dans le film, tout cela a disparu.
baronne, maitresse de Fritz; le film.
Veinéma nous a délivrés en partie.
L’officier Fritz ne fait la connais¬
lui, nous la montre. Tandis que la
Fdut le théätre naturaliste était
sance de Christine qu'au moment oß
piéce en est réduite à nous suggèrer
dSlleurs annonciateur du cinéma
il a rompu avec la baronne. Le duel.
la Vienne de 1900 par l’intérieur
ei Fépondait à ce besoin de savoir
qu'on lui impose vient après cetten¬
d’une garçonnière que se partagent
etFanalyser que'le cinéma, disions¬
rupture. II devient des lors le heros
deux jeunes officiers des dragons et
Undüs, allait bientôt combler.
sympathique de Thistoire. mais il
dans laquelle ils font venir leurs
Ee que nous disons de la piece de
perd sen humanité. Et cela devient.
deux amies — garçonnière éclairée
Schnitzler ne lui est donc point par¬
de L'amour rose. La mort mälse à
Taux candélabres, meublée d’un
ticülier, mais ciest un caractère gé¬
Icela prend un tout autre sens, on
piano od l’on joue les valses à la
Ile comprendra.
Tnélelqui se marque assez profon¬
mode, lieu presque innocent ou lon
dement en elle, et c’est Suzanne
se grise avec gräce — le film, lui,
Cläuser, I’introductrice des cuvres
Gloire d la midinette
peut nous montrer l’opéra ou vont
de Schnitzler dans la langue fran¬
I’Empereur, les diplomates et les
Et voilà comment, malgré ses ri¬
çaise, qui écrit de cet auteur:
lolficiers. Et ainsi pour chaque choselchesses supplémentaires, le film est
& Avant que Freud ait établi sa
à quoi il est fait allusion dans lade beaucoup inférieur à la piéce. Et
Athéorie en due forme et selon tous
pièce. Ophuls y ajoute de tres jolieslcomment aussi le cinéma sécarte
Ples principes de la logique, Schnitz¬
vues de la forêt de sapins sous lalde sa mission révélatrice. Liebe¬
Aler, pratiquait la PSYCHANALYSE
neige ou les deux amoureux se pro-[lein au cinéma, malgré sen charme,
g em poête 9.
Imenent en traineau. Par contre, iljsa finesse, son enveloppement, et
Par là, T'auvre de Schnitzler était Isupprime quelques personnages épi-Imalgré sa qualité einématographi¬
s prête pour le cinéma et se trouvait Isodiques, mais nécessaires au
que, ciest de la littérature pour mie
etre ce que l’on pourrait nommer: théätre.
dinettes.
du théätre cinématographique.
Donc, en somme, T’aire du film
Jean DAIX.
la littérature pour midinettes. La mise en scene de Pitoëff.
Par une heureuse colneidence, on
Non pas du cinéma non filmé, jest considérablement plus étendue
9 jonait ces jours derniers à Bruxelles
bien entendu.
que celle de la pièce.
∆la pièce dont fut tiré le film du
Qu'en a fait le cinéaste?
Le cinéma, pour parler comme
∆ mème nom: & Liebelei v. que l’on
Tles scolastiques, est un art d’exten¬
X projetait dans le mème temps.
sion, le théätre un art de compres¬
Richesses du film
sion
La piéce est d'Arthur Schnitzler
Ophuls a considérablement enri¬
Disons encore que le cinéma est
2 qui est mort à Vienne en 1931. Elle
chi l'atmosphère de la piéce, II lui
un art centrifuge et le théätre un
S fut créée en 1895, ily a donc envi¬
a conféré un charme, un envoülte¬
art centripéte.
P ron quarante ans, au Burgtheater de
ment dont le théätre est aujourd'hui
* Vienne. Le film est de Max Ophuls,
bien peu capable. Qu plutôt, Ten¬
9 cinéaste autrichien.
Et appauvrissement
vodtement dont nous sommes l'ob¬
Chose curieuse: alors que Toeuvre
jet au théätre, en certains cas, est
Du theätre
nous avait paru mince et menue au
d’une autre nature, II est diune na¬
théätre, sauf la scène finale; alors
einématographique
ture éveillée. Au cinéma, devant les
que nous ne lui trouvions que la
images décolorées, dans la pénom¬
SChose curiemse; la piéce qui pa¬
mérite d’une banalité de sentiment
bre de la salle, nous tombons dans
Kraissait à peu près en mème temps
et de langage notee avec précision
une sorte d’état second, une hyp¬
gque le cinématographe naissait,
jet une extrème justesse, le film nous
nose. Et c’est un premier point.
eseible répondre à un besoin de
Ia paru plus grave.
Nous nous gardons bien de com¬
# T’esprit contemporain que le cinéma
Le film ne fait pourtant qufex¬
parer la seule mise en scène de
° précisément allait combler.
ploiter le dialogue de Schnitzler. Et
Pitoöff à celle d’Ophuls, car ce se¬
### Il semble en effet qu'à l’époque
loin d’y ajouter, ily retranche.
rait injuste pour Pitoëff qui ne dis¬
S quelque chose, dans T’esprit, appe¬
Et du reste le film tout entier est
pose que d’une scène tandis
K lait le cinéma. Ce quelque chose,
un retranchement.
qu'Ophuls disposait de studios et de
* c’est un besoin, né sans doute de
Et ceci est encore très significatif,
plein air, le champ du monde étant
amour et de la pratique des
non pas des aptitudes du cinéma,
ouvert au cinéma. Et ily aurait au
9 sciences: un besoin d’analyse scien¬
mais de l'usage que l’on fait aujour¬
surplus danger de faire reposer un
tifique et d’observation exacte, de
dhui de cet instrument.
parallèle entre le cinéma et le
∆notation, toutes choses à quoi le
théätre sur le seul exemple d’une
6 Liebelei n, on a traduit ce titre
S cinéma st éminemment apte.
mise en scène de part et d’autre,
par 6 Flistoire d'Amour v. Or ce
##l Dr, la piéce de Schnitzler est
car il faudrait d’abord établir que
nest pas cela. 6 Liebelei n, c’est
Kfaite de cela. Elle reconstitue, minu¬
les deux responsables sont de mème
„ Amourette 9, 6 Jeu d’amour n et
tieusement, selon les moyens que le
force, chacun dans son domaine.
plutöt: 6 L'amour en se jouant „.
Htlätre met à la disposition de l'au¬
Mais voilà le deuxieme point.
Voilà la nuance. Schnitzler y a mis
teur, T'atmosphère et le milieu vien¬
une intention amère vis-à-vis du bel
Alors que Pitoëff est obligé de
nois de la fin du XIXe siècle.
officier qui fait dans sa pièce trop
faire tenir sa piéce — et plutöt
Par là, par cet esprit d’analyse,
hon marché du cceur de Christine.
Schnitzler Jui-mème y était obligs
2 lahpièce était en quelque sorte an¬
II s’engage, à demi tout au moins,
— dans un ou deux décors, Ophuls,
nähciatrice du cinéma, Elle le pré¬
vis-à-vis de Christine, tandis qulil
lui, peut multiplier les décors à
fignrai, peut-on dire. Elle n'ambi¬
est encore lié ayec la baronne. II y
son gré.
tiahne en premier lieu que de repro¬
a donc dans le personnage de la
II peut de la sorte donner à l’ac¬
duire l’image de la vie, ce qui est
piéce une nuance de duplicité qui le
tion incluse dans la piéce de
lahission mème du cinéma. Cest
rend infiniment plus près de la vie
pourquoi du reste elle est rangée Schnitzler tous ses développements.
et infiniment moins sympathique.
* parmi le théätre naturaliste, dont le La piéce ne nous montrait pas la
Dans le film, tout cela a disparu.
baronne, maitresse de Fritz; le film.
Veinéma nous a délivrés en partie.
L’officier Fritz ne fait la connais¬
lui, nous la montre. Tandis que la
Fdut le théätre naturaliste était
sance de Christine qu'au moment oß
piéce en est réduite à nous suggèrer
dSlleurs annonciateur du cinéma
il a rompu avec la baronne. Le duel.
la Vienne de 1900 par l’intérieur
ei Fépondait à ce besoin de savoir
qu'on lui impose vient après cetten¬
d’une garçonnière que se partagent
etFanalyser que'le cinéma, disions¬
rupture. II devient des lors le heros
deux jeunes officiers des dragons et
Undüs, allait bientôt combler.
sympathique de Thistoire. mais il
dans laquelle ils font venir leurs
Ee que nous disons de la piece de
perd sen humanité. Et cela devient.
deux amies — garçonnière éclairée
Schnitzler ne lui est donc point par¬
de L'amour rose. La mort mälse à
Taux candélabres, meublée d’un
ticülier, mais ciest un caractère gé¬
Icela prend un tout autre sens, on
piano od l’on joue les valses à la
Ile comprendra.
Tnélelqui se marque assez profon¬
mode, lieu presque innocent ou lon
dement en elle, et c’est Suzanne
se grise avec gräce — le film, lui,
Cläuser, I’introductrice des cuvres
Gloire d la midinette
peut nous montrer l’opéra ou vont
de Schnitzler dans la langue fran¬
I’Empereur, les diplomates et les
Et voilà comment, malgré ses ri¬
çaise, qui écrit de cet auteur:
lolficiers. Et ainsi pour chaque choselchesses supplémentaires, le film est
& Avant que Freud ait établi sa
à quoi il est fait allusion dans lade beaucoup inférieur à la piéce. Et
Athéorie en due forme et selon tous
pièce. Ophuls y ajoute de tres jolieslcomment aussi le cinéma sécarte
Ples principes de la logique, Schnitz¬
vues de la forêt de sapins sous lalde sa mission révélatrice. Liebe¬
Aler, pratiquait la PSYCHANALYSE
neige ou les deux amoureux se pro-[lein au cinéma, malgré sen charme,
g em poête 9.
Imenent en traineau. Par contre, iljsa finesse, son enveloppement, et
Par là, T'auvre de Schnitzler était Isupprime quelques personnages épi-Imalgré sa qualité einématographi¬
s prête pour le cinéma et se trouvait Isodiques, mais nécessaires au
que, ciest de la littérature pour mie
etre ce que l’on pourrait nommer: théätre.
dinettes.
du théätre cinématographique.
Donc, en somme, T’aire du film
Jean DAIX.