II, Theaterstücke 5, Liebelei. Schauspiel in drei Akten, Seite 1841

b. Montmartre, 10, IX•
5 OCTOBRE 1933

—.—
petits-enfants se souviennent à peine de
Si c’en était encore la mode, cette piece
IENEE: Prière
lui, son fils s’empresse auprès de Cécile
porterait un sous-titre, ce serait: Prière
en trois actes de
Viroy qui n'a pas oublié le chemin de la
bour les Pivants au la #ie d'un llomme.
THEATRE DU
maison, un autre petit Massouhre vient
Il s’agit, bien entendu, d’un homme ordi¬
Libelei, piece
de naitre
naire, d’un homme comme nous pourrions
UR SCHNITZLER,
Ainsi, l’on a beau répéter de génération
ou comme nous pouvons en étre un, vons
Mme S. GEAUZER.
en génération la prière pour les vivants,
ou moi, toutes choses égales d’ailleurs. Un
ceux-ci n’en restent pas moins tres sem¬
ouverture vraie
Français moyen, dirait-on, si, de l’origine
blables aux morts qui les ont précédés.
on quelque peu
de sa vogue présente, cette expression ne#
On pense bien, par ailleurs, que lhistoire
re de cette salle
gardait un sehs vraiment trop humiliant,
de cette vie sans crime et sans vertu pa¬
pres Le Paradis
a la fois mystique, prétentieux et neutre.
raitra un peu äpre à certains. C’est avec
wants pourra sur¬
Pierre Massoubre naft en 1873, comme
méfiance, avec gène que l’on considère
se d’ailleurs, car
la troisième République ou presque, d’un
ce qui rappelle trop exactement ce qu'on
gul Gavault était
petit beurgeois que la joie d’etre père
aimerait oublier. On croit au bien ou l’on
qqualités et. repar¬
n’empéche pas de coucher avec sa bonne
croit au mal. Mais il est rare que l’on
M. Jacques Deval
et de courtiser, des le premier jour, la
consente à s’avouer les curieux mélanges
pse. De tant de
nourrice de son fils. Brave homme, au
que l’on fait sans cesse de l’un et de l'autre.
a déja écrites et
demeurant, hon citoyen. Sa mère meurt
La pièce de M. Jacques Deval, émouvante
hisser indifférent,
peu après. Pierre est mir en pension au
et forte, tres habilement découpée en ta¬
lycée, l'un des sombres lycées d’alors. Ni
bleaux dont le nombre ne nuit pas à son
pire, ni meilleur que les autres, il trouve
unité, touche juste et profondément. Elle
pourtant moyen de trahir l'amitié de l'un
donne la sensation physique de la durée,
de ses camarades, un réveur et un faible
du temps qui passe et le tragique quoti¬
persécuté par les autres. Et tout cela pour
dien des générations qui se chevauchent
cräner, pourlétre, déjà, du côté des plus
et qui se suivent.
La distribution comprend environ qua¬
forts. Anticipation de ce qu’on nomme la
lutte pour la vie. Peu après, étudiant, son
rante noms. On regrette de ne pouvoir,
premier amour est aussi son premier cha¬
faute de place, tous les citer. Mais il faut
grin, amour et chagrin qu'il oublie vite
louer MM. Palau, Argentin, Georges Rollin,
Robert Vattier. M. Jacques Baumer est
dans les bras accueillants de la première
venue. Quand il a fini ses études, il se
Pierre Massoubre à partir de l’äge
d’homme. Mmes Volande Lafon, si sen¬
marie. Voici armé pour la vie ce jeune
sible et si juste, Marthe Mellot et Ger¬
bourgeois arriviste. Mais, pour l’instant,
c’est la gene dans le ménage et mème un
peu plus. Dans les affaires, on ne gagne
guère d’argent si l’on n’a pas d’argent.
Et le père Massoubre oui amasse un bel
héiilage, neiveut pas lächer un son de son
*
vivant. Tant que Pierre lui chipe son

portefeuille pour manger d’abord, sa
femme et lui, et puis pour faire construire
une machine dont il est l’inventeur. Tel
est le début d’une fortune qui er#it rapi¬
dement. Nous sommes en 1003. Dés 1014,
à 41 ans, Pierre Massoubre riche à son
tour se montre égoiste, inconscient avec
saon
une entière bonne humeur et un bel équi¬
Prière pour les vieants.
libre. II confie ses enfants aux dofniestigues
et trompe sa iemme, notamment avcc la
qui affirme le plus
meilleure amie de celle-ci. Pourtant, celle¬
,la maitrise et la
la est la seule qu'il aime vraiment. Sa mort
teur sans illusions.
prématurée lui cause un chagrin profond et
sürement connaftre
véritable. Le temps passe. La guerre sur¬
r l'un des premiers
vient. De cet événement tout de mème
in.
d’une certaine importance, M. Jacques
Vivants est cette
Deval ne montre rien. C’est par pudeur,
ans interruption au
peut-être, car elle parait avoir un peu trop
u moment de leur
bien réusei à Pierre Massoubre. Nous le
n divine sur tous
retrouvons en 1023 non plus riche, mais
it à chaque instant
opulent, II a 5o ans et il est tres occupé
qu'ils soient forts
à rester jenne. II marche avec son tempe,
pour qu'ils mènent
La vie est belle, intense. Pierre a des mai¬
s fassent une bonne
tresses et il traite son fils en camarade
upart du temps, les
jusqu'au jour, ou, marié à son tour et
àce ven ardent et
père de famille, Robert Massoubre évince
ligion? En vivant,
son père des conseils d’administration de
le ciel, mais au jour
ses propres affaires. C’est ainsi que l’on
sur cette terre, d’un
se transmar le flambean dans la famille;
Kur s’il comble leurs
le plus jeune l'arrache à l’autre.
hrs. Puis, la mort les

Ecceuré, mais toujours accroché à la
e, ne laisse plus rien
vie, Pierre Massoubre va partir en voyage
imprécis et mesquin
avec Cécile Viroy — Mlle Junie Astor,
h.Dageol-Rousseavz
ire de leurs enfants.
qui joue ce röle est à la fois fine et belle —
les enfants de leurs
LupaiutA Prroßer dans Libelet.
à qui il ne peut plus demander, au cours
t la méme agitation
de leurs rendez-vous, que de le laisser
.C’est ce sentiment
maine Auger, adroite et intelligente comé¬
contempler son buste nu. Mais unc conges¬
xistence que M. Jac¬
dienne sans cessc en pregrés, sont en téte
tion le terrasse, II meurt comme il a
é avec force, avec
de la distribution féminine. On n’oublie
vécu.,, en janvier 1033 à l’äge de 60 ans.
ohre puissance, dans
Des septembre suivant, il est oublié. Ses I pas, enfin, Mlle Junie Astor, déjà nommée,
148.
qui est aussi bonne comédienne que jolie!
semme, et Mlle Vera Markels.
II nous reste bien pen de place pour ;
parler du spectacle de rentréc de
M. et Mine Pitoöff désormais installés au
théatre du Vieux-Colombier. IIs débutent
dans cette salle illustrée par M. Jacques
Copeau en jouant Libelei, une pièce
d’Arthur Schnitzler connue du grand
public parce qu'on en a récemment tiré
amourette
un film. H deut dire
amour sans importance. Mais on ne badine
pas avec l'amour; c’est ce qui nous est
de nouveau montré. Mme Ludmilla Pitoöff!
atrouvé là un de ces röles ou sa sincérité,
la simplicité déchirante de son jen font
merveille. Elle est fort bien entourée par
MM. Marcel Herrand et Baipétré, par
Mmes Nora Sylvère et Agnès Capri.
PAut. CHAUVEAU.
ARTEGLES

Deux nouveautés viennent d’enrichir la belle
collection Maitres de la musique ancienne et
moderne (Rieder): notez que l'absence d’article
a ici la valeur d’un programme, ce qui, joint à une
certaine élasticité dans la façor d’entendre le
mot a maitre s, nous promet autre chose que la#
nieme série aux noms trop connus. Voici le premier
ouvrage sur Erik Satie. Ne nous demandons
pas s’il fut un maitre, ou meme un petit maitre.
En lui cohabitaient deux hommes qui auraient dü
rester distincts: l’humoriste et le musicien. Par
malheur, ils voulurent pactiser, et ilen résulta des
euvres hybrides, dont le texte musscal ne corres¬
pond nullement aux commentaires burlesques qui
Taccompagnent. De plus, les attaques de la critique
contribuèrent à pousser Satie dans un miliet
d’avant-garde peu falt pour lui; et, au milieu de
la jennesse turbulente qui gravitait autour de
M. Cocteau, un vertige de modernisme s’empara
du solitalre d’Arcueil. Lui, qui s’étalt, vers la###
vingtième année, révélé le doux élégiaque des
Gumnopedtes, sombra dans des partitions accha¬
mées par les dadaistes, mais qui ne survécurent
point à l’existence de cet éphémère groupement.
Si lelivre apologétique de M. Templier ne réussl
pas à nous convaincre il est bon toutefois qu'll alt
été écrit, fixant peu après la mort du musicien
des points qui seralent devenus obscurs dans la
suite. Aussurplus, il est fort amusent à lire.
— Peu de livres ont été écrits, en France, str
Grieg; celui de Mme V. Rorseth (Rieder) est donc
je bienvenu. La tendresse qu'elle nourrit pour son
musicien ne l’empéche pas de discerner avech
clairvoyance ses défauts, dus en partie à la forma¬
tion qu'il reçut à Leipzig. Peut-être pourrait-on
lui reprocher parfols un leger manque de lyrisme
pour perler d’un artiste qui en avalt tant. Grieg,
fils spirituel des ménétriers villageois de son pays,
était, commegenx, porteur d'un message tout
chargé degsaveur populaire; Il n’auralt pas dü
s’égarer en des pièces symphoniques, dont le cadrei
fut tonjours trop grand pour Jui. Mais Il a tout de
mème trouvé maintes mélodies d’une charmanten.
fraicheur, dont beaucoup de musiciens devaient
## sauvenfir-datis ia suite.
Un livre qu'on lira avec un vif intèrêt, après
la correspondance de Liszt et de Mme d’Agoult,
est celui que je comte du Moulin Eckart a consa¬
cré à leur fille, Cosima Wagner (Stock). Rédigé
entièrement sur le ton panégyrique, cet ouvrage,
d’une documentation impressionnante, falt revivre
avec précision devant nous le maitre de Bayreuth
et sa compagne. On nous promet un autre volume,
qui nous éclairera sur l’activité dépensée par cette
semme étonnante, quand elle fut restee seule avec
Teuvre. De mème au'elle avait joué un röle im¬
portunt dans la gensse de cette dernière, de mème
Bayreuth ne devait durer que gräce á son énergie.
Henri PETIT,