VI, Allgemeine Besprechungen 1, 5, Gabriel Marcel, Seite 5


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1. Panphlets offprints
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LE THEATRE DE SCHNITZLER
avec un émoi altendri comme un beau corps. 6 Je ne veug plus
que viore, rien que virre et sentir que je vis — c’est bien asser
pour mot. La vie lui apparait comme le seul bien désirable,
ce convalescent éprouve une horreur paienne à la pensée des
ténebres ou il a failli sombrer, et une reconnaissance d’enfant
envers le médecin qui l’a sauvé. II se lie avec Anna Riedel, Jlui
voue une amitié un peu équivoque qui est presque de l’amour,
mais craint de s’enchafner par des promesses téméraires: la
liberté intérieure est pour lui comme le prolongement de sa
santé reconquise. Mais de cette liberté il ne jouira pas long¬
temps: dans un mouvement d’indignation il soufflette T’officier
Karinski qui a insulté Anna — et quand celui-ci vient lui de¬
mander une réparation par les armes il se refuse à la lui don¬
ner. Pourquoi irait-il de gaieté de cceur risquer de perdre la
vie dans une rencontre avec un dröle? La vie est trop pré¬
cieuse, et il faudrait étre un enfant pour l’exposer ainsi. Dans
une scène singulièrement forte, Paul répond à un ami qui cher¬
che à le faire revenir sur sa résolution qu'il n’ira pas sacrifier
à des mots, à de vaines formules, la seule réalité qu'il con¬
naisse: la vie. Et à la fin de la pièce, Karinski, désespéré de
n’avoir pu se laver de l'affront, l'abattra d’un coup de revolver.
Dans Freiwild apparait nettement pour la première fois cetle
idée qu'au fond la vie est la seule réalité, la seule valeur: que
le reste est convention vaine. Partout désormais on senlira dans
l’cuvre de Schnitzler cette espéce de ferveur envers la vie,
ferveur éperdue de l’étre chancelant parmi les ténebres uni¬
verselles. Ce n’est point d’ailleurs la vic divinisée d’un Nietzs¬
che rienant à l'’infini ses saturnales effrénées: non, c’est
on
la lumière vacillante autour de laquelle se groupent en trem¬
blant ceux qui cheminent dans la nuit. Et ici encore apparaft,
va
l’äme
en mème temps que l’une de ses originalités principales, la fai¬
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court aux 1
blesse interne de la plus grande parlie de cetle cuvre. Les
plus saisissanté
idées ne se révéleront pas comme des forces dignes qu’on vive
maladie terrible
ou qu’on meure peur elles: on ne se haussera pas à l’apercep¬
la vie, il la palpe
tion concré'e de la pensée triomphante; la pensée ne sera pres¬
que jamais que la servante indocile et maladroite de la vie,
ret de l'amour?
mme
reine mystérieuse dont le regard rayonne toute chaleur et toute
joie. Par la s’expliquent aussi l’indulgence un peu veule, la
pitié un peu fade dans lesquelles baignent la plupart des pié¬



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ETETE
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