VI, Allgemeine Besprechungen 1, 5, Gabriel Marcel, Seite 14

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1. Panbhfprints


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GABRIEL MARCEI.
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comtesse Moorsheim qui lui a fait des avances, il réve de goüter
nux délices des amours irrégulières, et il croit voir que sa femme,
de son côté, a un penchant pour le duc Sigismond. Puisqu’il en
est ainsi, peurquoi, sans se séparer, puisque leurs intérêts artis¬
liques sont communs, qu’ils ont un enfant, et qu’après tout
ils s’aiment bien, pourquoi ne pas se laisser l’un à l'autre liberté
pleine et enlière? Pourquoi ne pas vivre simplement en asso¬
cies, sans s’imposer une fidélité qui ne répond plus à rien de
réel en eux-mèmes? Cécile adhère à ces propositions. Ils iront
chacun de leur coté pendant les vacances, et se retrouveront au
début de T’hiver.
IIs se revoient un soir, après un été mouvementé. Cécile con¬
nait l'’intrigue de son mari, et en redoute les suites possibles,
car la jeune comtesse est mariée. Amadeus la rassure et s’en¬
quiert de ses aventures à eiie. Elle revient de Berlin ou elle a
triomphé dans Carmen. Amadeus vondrait savoir ce qui s’est
passé au juste avec Sigismond; de plus il a cru deviner que sa
lemme avait un faible pour un chanteur berlinois, et il demande
ce qui en est. Cécile ne répond pas nettement, et Amadeus de¬
meure convaincu qu'elle l’a trompé. Elle avoue d’ailleurs avoir
vu naitre en elle des aspirations nouvelles, le désir, de sentir
plus profondément, peut-être méme de souffrir; elle découvre en
elle-mème des possibilités de vibrations inconnues, — et dans
le cceur d’Amadeus, au contact de cette femme transformée, un
cmoi équivoque, une griserie perverse s’éveille. II veut devenir
Tamant de cette créature nouvelle — et elle lui céde. Seulement.
leur étreinte fait remonter à la surface la jalousie endormie, i!
décide d’envoyer ses témoins à Sigismond, il regrette amérement.
le pacte, il aime de nouveau sa lemme comme autrefois. Une
scène singulière avec Sigismond, qui vient lui demander de di¬
vorcer pour le laisser épouser Cécile, Jui montre son erreur
sa femme ne l'. jamais trompé; Sigismond d’ailleurs lä respec¬
tait trop pour lui demander de se donner hors du mariage. Tout
va-t-il donc s’arranger, comme se l’imagine naivement le mari
réconforté? La piéce s’achévera-t-elle sur une réconciliation ba¬
nale et plate? Non, car dans une scène admirable, la plus belle
peut-étre du théatre de Schnitzler, Cécile refusera de reprendre
la vie conjugale avec celui qui l’a trompée, qui a douté d’elle, au
fond avec raison, et que seuls les sens lui ont rendu. L’expé¬