2. Cuttings
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LES VILLES EN EAIR
Vie quotidienne, ils ont élevé leur superbe campement sur la cré¬
pusculaire montagne du Passé. Mais le grand pocte que nous atten¬
dons tous s’appelle Ménenius Agrippa et c’est un grand seigneur qui
possede la sagesse de la vie.III rappellera le troupeau égaré avec de
merveilleuses fable d’attrapeurs de rats, des tragédies de pourpre,
des miroirs gigantesques, qui refléteront la marche du monde, afin
que ce troupeau revienne se mettre au service de la splendeur du
jour d’aujourd'hui, ainsi qutil convient."
HENRI ALBERT.
LES VILLES EN LAIR
Aun a tant parlé des édilices démesurés des Elats-Unis
7, que bien des personnes seraient volontiers tentées de
80
s croire les principales rucs de New-York, Chicago,
SX
Saint-Louis, bordées en totalité de maisons ayant
pour le moins douze ou quinze étages. Ce serait une erreur. En
réalité, à Chicago, aussi bien qu'à New-York, on compte ces
géants de Tarchitecture moderne, j’allais dire qu'on se les mon¬
tre, s’ils ne se montraient tout seuls. Chaque jour, toutefois,
en volt accroitre le nombre, et certaines rues tres centrales ne
sauraient manquer à bref délai de se trouver encadrées entre
deux üiles de hauts et mornes cubes, percés de petits orifices rec¬
tangulaires, et dont la masse grise et sombre chassera à jamais
Tair et le soleil, la rue semblant une rigole ou un ruisseau étroit
niché an fond d’un ravinement. Dire que ces édilices démesurés
soient laids on déplaisants en général serait aller trop loin. En
dehors de quelques-uns qui sont ridicules, comme certain édi¬
lice très étroit qui déshonore Broadway par la disproportion
entre sa hauteur et sa largeur, ces hautes maisons ne sont pas
déplaisantes, à condition d’étre espacées et de ne point se jux¬
taposer. En réalité, on cesse bien vile d’y faire attention, et
quand on passe au pied d’un édilice, il ne faut guère plus lever
le nez pour en apercevoir la lin, s’il a vingt étages, que s’ilen
asix.
Ces monuments ont leur constitution spéciale; on ne les
édilie pas selon les regles communes, et c’est chose amusante
et instructive (mème pour I’Américain, d’après la foule qui
s’assemble autour des chantiers), de suivre dans telle rue de
Chicago ou de New-York, les progrès d’un édilice ayant quelque
ambition.
—.—
Au
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LES VILLES EN EAIR
Vie quotidienne, ils ont élevé leur superbe campement sur la cré¬
pusculaire montagne du Passé. Mais le grand pocte que nous atten¬
dons tous s’appelle Ménenius Agrippa et c’est un grand seigneur qui
possede la sagesse de la vie.III rappellera le troupeau égaré avec de
merveilleuses fable d’attrapeurs de rats, des tragédies de pourpre,
des miroirs gigantesques, qui refléteront la marche du monde, afin
que ce troupeau revienne se mettre au service de la splendeur du
jour d’aujourd'hui, ainsi qutil convient."
HENRI ALBERT.
LES VILLES EN LAIR
Aun a tant parlé des édilices démesurés des Elats-Unis
7, que bien des personnes seraient volontiers tentées de
80
s croire les principales rucs de New-York, Chicago,
SX
Saint-Louis, bordées en totalité de maisons ayant
pour le moins douze ou quinze étages. Ce serait une erreur. En
réalité, à Chicago, aussi bien qu'à New-York, on compte ces
géants de Tarchitecture moderne, j’allais dire qu'on se les mon¬
tre, s’ils ne se montraient tout seuls. Chaque jour, toutefois,
en volt accroitre le nombre, et certaines rues tres centrales ne
sauraient manquer à bref délai de se trouver encadrées entre
deux üiles de hauts et mornes cubes, percés de petits orifices rec¬
tangulaires, et dont la masse grise et sombre chassera à jamais
Tair et le soleil, la rue semblant une rigole ou un ruisseau étroit
niché an fond d’un ravinement. Dire que ces édilices démesurés
soient laids on déplaisants en général serait aller trop loin. En
dehors de quelques-uns qui sont ridicules, comme certain édi¬
lice très étroit qui déshonore Broadway par la disproportion
entre sa hauteur et sa largeur, ces hautes maisons ne sont pas
déplaisantes, à condition d’étre espacées et de ne point se jux¬
taposer. En réalité, on cesse bien vile d’y faire attention, et
quand on passe au pied d’un édilice, il ne faut guère plus lever
le nez pour en apercevoir la lin, s’il a vingt étages, que s’ilen
asix.
Ces monuments ont leur constitution spéciale; on ne les
édilie pas selon les regles communes, et c’est chose amusante
et instructive (mème pour I’Américain, d’après la foule qui
s’assemble autour des chantiers), de suivre dans telle rue de
Chicago ou de New-York, les progrès d’un édilice ayant quelque
ambition.
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Au