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PanchletsOffrin
LA NOUVELLE REVUE
348
mots ne suflisent pas encore à rompre la glace. Géné et muet,
M. de Breiteneder reste la, sans une parole de compassion, sans
une parole Gamitic. Prolilantalors de Tinallention générale, Marie
se leve soudain el quitte la salle en rasant les murs. Erquand on
remarque son absence, il est trop lard: elle a gagné à tatons la
galerie qui court lout le long de Tauberge, ets’est luce en se jetant
dans la cour.
TPest un ncm générique dans la littérature allemande pour ces
créatures d’amour, de modeslie et d’humble sacrifice gee
M. Schnitzler met en scène avecune prédilection si heureuse. In
les appelle les odouces üilles o, les süsse Mudels, les Tiebe süsse
Madess. Elles existent, si l’on en croit les anteurs compélents, un
peu parlout en Allemagne. Et, de la vie, elles ont passé dans la
poésie. Elles sont lont spécialement en honneur dans la poosie
de l'’Allemagne du sud et dans la pocsie viennoise. La Greichen
de Gethe est leur chère grand maman à toutes. On renconire,
de nos jours, des süsse Mudels dans les romans munichois, dans
ceux de M. de Wolzogen, on en rencontrait déja dans les pieces
du viennois Grillparzer, mais M. Arthur Schnitzler est leur
peintre et leur pocte par excel'
C’est dans Andtof (1872) que raissent ses premières C donces
filles. Un personnage les définit comme suit: & Gaieté sen¬
limentale.,, mélancolie souriante et espiegle, telleest sam ure...
Une douce petite téte blonde; ma foi, elle est difficile à déerire!
Aupres d’elle, on éprouve du plaisir et lesur a chaud. Si je lni
apporte un bougtet de violettes, une larme perle au coin de sa
paupière. 9 Ce sont bien lä les traits constants de la d donce
filleo de Vienne: qu’elle ait nom Bertha Garlan etsoitune venve
à qui son venvage pese, ou qu'elle soit, comme Marie Laden¬
bauer, ariste lyrique dans une troupe de dixième ordre, on
qu’elie soit moins encore, comme la Chrisline d’Amonrette on la
Toni du Legs.
Assurément, elles manquent de solenn té et de majesté, ces
humbles créatures d’amour. IIn’y a rien de sublime non plus
dans ces tableanx du demi-monde viennois on elles paraissent.
Mais comme on aurait fort de méconnaitre la poésie intime, tres
prenante, des amourettes quselles tra zersent, si sincères, si désin¬
téressées. Les Marie, les Toni et les Christine n’ont point des ümes
de courtisanes. Ce sone de petites bourgeoises ratées, des lemmes
#nées pour devenir des eponses aussi légilimes que lidèles et que
les circonstances de la vie ont fait elourner mal v. Moralement,
si j’ose dire, elles sont supéricures à nos griseltes d’autrefois
PanchletsOffrin
LA NOUVELLE REVUE
348
mots ne suflisent pas encore à rompre la glace. Géné et muet,
M. de Breiteneder reste la, sans une parole de compassion, sans
une parole Gamitic. Prolilantalors de Tinallention générale, Marie
se leve soudain el quitte la salle en rasant les murs. Erquand on
remarque son absence, il est trop lard: elle a gagné à tatons la
galerie qui court lout le long de Tauberge, ets’est luce en se jetant
dans la cour.
TPest un ncm générique dans la littérature allemande pour ces
créatures d’amour, de modeslie et d’humble sacrifice gee
M. Schnitzler met en scène avecune prédilection si heureuse. In
les appelle les odouces üilles o, les süsse Mudels, les Tiebe süsse
Madess. Elles existent, si l’on en croit les anteurs compélents, un
peu parlout en Allemagne. Et, de la vie, elles ont passé dans la
poésie. Elles sont lont spécialement en honneur dans la poosie
de l'’Allemagne du sud et dans la pocsie viennoise. La Greichen
de Gethe est leur chère grand maman à toutes. On renconire,
de nos jours, des süsse Mudels dans les romans munichois, dans
ceux de M. de Wolzogen, on en rencontrait déja dans les pieces
du viennois Grillparzer, mais M. Arthur Schnitzler est leur
peintre et leur pocte par excel'
C’est dans Andtof (1872) que raissent ses premières C donces
filles. Un personnage les définit comme suit: & Gaieté sen¬
limentale.,, mélancolie souriante et espiegle, telleest sam ure...
Une douce petite téte blonde; ma foi, elle est difficile à déerire!
Aupres d’elle, on éprouve du plaisir et lesur a chaud. Si je lni
apporte un bougtet de violettes, une larme perle au coin de sa
paupière. 9 Ce sont bien lä les traits constants de la d donce
filleo de Vienne: qu’elle ait nom Bertha Garlan etsoitune venve
à qui son venvage pese, ou qu'elle soit, comme Marie Laden¬
bauer, ariste lyrique dans une troupe de dixième ordre, on
qu’elie soit moins encore, comme la Chrisline d’Amonrette on la
Toni du Legs.
Assurément, elles manquent de solenn té et de majesté, ces
humbles créatures d’amour. IIn’y a rien de sublime non plus
dans ces tableanx du demi-monde viennois on elles paraissent.
Mais comme on aurait fort de méconnaitre la poésie intime, tres
prenante, des amourettes quselles tra zersent, si sincères, si désin¬
téressées. Les Marie, les Toni et les Christine n’ont point des ümes
de courtisanes. Ce sone de petites bourgeoises ratées, des lemmes
#nées pour devenir des eponses aussi légilimes que lidèles et que
les circonstances de la vie ont fait elourner mal v. Moralement,
si j’ose dire, elles sont supéricures à nos griseltes d’autrefois