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1. PanphietsOffbrints
349
UN PARISIEN DE VIENNIE
Mimi et Mimi Pinson, Muselle et Lisetle ne se piquaient point
etmuet,
10
de ves sehliments eleves, ni surtont de cclte fidelite, qui animent
On, Sans
sinon ioute la galanlerie viennoise, du moins les héroines de
cMaric
M. Schnitzler. II Faurait Pailleurs, tout un paralléle — littéraire
et galant — à tracer entre la griselle parisienne et la & donce
18 la
fille o viennoise, d’apres les cuvres de leurs poctes atlitrés. Ce
parallele, il me plairait fort de le tenter un jour, mais un aufre
jour.. Cest asscz scjourné, pour l’inslant, dans la Trivole sociélé
des demoiselles de M. Schnitzler, I convient maintenant de con¬
sidèrer ie beau tafent de Tauteur viennois sous son autre face,
moins riante.
IIya, dans Touvre de Nicolas Poussin, un tableau admirable
entre lous, tant par les qualités de métier qu’il atteste que par
Tidée philosophique qui s’en dégage. Cetableau: les Bergers d’Ar¬
cadie, représente la scène suivante: une troupe de bergers et de
bergères parcourt gaiement un site agreste, d’une majestésereine
eldoucc. Soudain, devant les pas des promeneurs, au milieu d’un
bouquet darbres, un tombeau se dresse. Sur la pierre moussue,
ces mots se lisent à moitié eflacés: Ef in Arcadig ego (Et moi
aussi, je vivais en Arcadie). In’en faut pas davantage pour faire
expirer sourires et chansons. A celte voix d’outre-tombe, les
bergers devenus pensifs et mélancoliques, prétent l’oreille et font
sür eux-memes un triste retour: dans leurs veines à passé le
frisson glacé de la mort.
II Faquelque chose de la tristesse sublime des Bergers d’Ar¬
endie, dans les contes familiers de M. Schnitzler. Ses récits sont
pleins a la fois d’une joie de vivreexubérante et de Thorreurqu'ins¬
pire à Themme jenne, qui aime et qui est aimé, Tidée de la lin
inexorable. Le pensée de la mort ne quitte point les amants de
M. Schnitzler. Elle les poursuit jusque dans leurs plus intimes
étreintes et sa présenge invisible, mais partout soupçonnée, préte
à leurs transports une äcre saveur. M. Schnitzlern'a écrif aucune
histoire d’amour on ces c rappels de la morty ne se rencontrent.
C’est dans son petit roman intitulé Mourir et dont nous avons
déjà parlé que l'amour frénétique de la vie et l’obsession de la
mort vont le plus étroilement, le plus signilicativement de
pair. Félix, le pauvre phtisique condamné, jouit des plaisirs
de T'amour et des beautés de la nature avec une intensité mor¬
bide. Jamais le ciel ne lui a paru si bleu ni sa maitresse
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UN PARISIEN DE VIENNIE
Mimi et Mimi Pinson, Muselle et Lisetle ne se piquaient point
etmuet,
10
de ves sehliments eleves, ni surtont de cclte fidelite, qui animent
On, Sans
sinon ioute la galanlerie viennoise, du moins les héroines de
cMaric
M. Schnitzler. II Faurait Pailleurs, tout un paralléle — littéraire
et galant — à tracer entre la griselle parisienne et la & donce
18 la
fille o viennoise, d’apres les cuvres de leurs poctes atlitrés. Ce
parallele, il me plairait fort de le tenter un jour, mais un aufre
jour.. Cest asscz scjourné, pour l’inslant, dans la Trivole sociélé
des demoiselles de M. Schnitzler, I convient maintenant de con¬
sidèrer ie beau tafent de Tauteur viennois sous son autre face,
moins riante.
IIya, dans Touvre de Nicolas Poussin, un tableau admirable
entre lous, tant par les qualités de métier qu’il atteste que par
Tidée philosophique qui s’en dégage. Cetableau: les Bergers d’Ar¬
cadie, représente la scène suivante: une troupe de bergers et de
bergères parcourt gaiement un site agreste, d’une majestésereine
eldoucc. Soudain, devant les pas des promeneurs, au milieu d’un
bouquet darbres, un tombeau se dresse. Sur la pierre moussue,
ces mots se lisent à moitié eflacés: Ef in Arcadig ego (Et moi
aussi, je vivais en Arcadie). In’en faut pas davantage pour faire
expirer sourires et chansons. A celte voix d’outre-tombe, les
bergers devenus pensifs et mélancoliques, prétent l’oreille et font
sür eux-memes un triste retour: dans leurs veines à passé le
frisson glacé de la mort.
II Faquelque chose de la tristesse sublime des Bergers d’Ar¬
endie, dans les contes familiers de M. Schnitzler. Ses récits sont
pleins a la fois d’une joie de vivreexubérante et de Thorreurqu'ins¬
pire à Themme jenne, qui aime et qui est aimé, Tidée de la lin
inexorable. Le pensée de la mort ne quitte point les amants de
M. Schnitzler. Elle les poursuit jusque dans leurs plus intimes
étreintes et sa présenge invisible, mais partout soupçonnée, préte
à leurs transports une äcre saveur. M. Schnitzlern'a écrif aucune
histoire d’amour on ces c rappels de la morty ne se rencontrent.
C’est dans son petit roman intitulé Mourir et dont nous avons
déjà parlé que l'amour frénétique de la vie et l’obsession de la
mort vont le plus étroilement, le plus signilicativement de
pair. Félix, le pauvre phtisique condamné, jouit des plaisirs
de T'amour et des beautés de la nature avec une intensité mor¬
bide. Jamais le ciel ne lui a paru si bleu ni sa maitresse