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1. PanphietsOffbrints
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UN PARISIEN DE VIENNE
desespoir. Elle est moins tumultueuse, Läme fragile et légere des
héroines de M. Schnitzler. Elles ressemblent toutes plus ou
moins à celle Berlha Garlan, la seule dont le nouvellier viennois
ait analysé — bien sommairement encore! — les notions de
morale et de religion. Bertha Garlan, nous dit-il, on'a jamais
été pieuse v. La prière n'a jamais été pour elle qu'un moyen de
faire parvenir au ciel ses verux. Et l’on devine assez la nature
plutôt profane de ces verux, sur les levres d’une suppliante pour
qui lout commence et finit à lamour. Tendres ardentes, sensuel¬
les, les grandes amoureuses de M. Schnitzler manquent d’ailleurs
totalement de perversité. Elles sont toute nalveté, passivité et
soumission. Elles péchent, certes, mais sans y entendre malice.
Irrégulieres, elles apportent dans l’exereice de Tamour unc ingé¬
nuité, une sincérité matrimoniales. Bertha Garlan laisant ses
conlidences à Madame Rupius, sa complice, avoue humblement:
gJen'ai pas du lout conscience davoir faitle mal, non pas mèmne
d’avoir rien fait dillicite.) Approuvée par Madame Rupius,
elle va plus loin: gMieux encore, déclare-t-elle: j’éprouve le
sentiment d’avoir fait quelque chose de parfaitement bien.., oui,
Madame Rupius.,, je suis liere de ce que j'ai fait.9 Sur quoi
Madame Pupius, pleine d’indulgence: & Oh, tout de mème!
Peut-étre n’ya-t-il pas de quoi. 9 Et c’est ainsi, dans tous les cas
on les personnages de M. Schnitzler se mélent d’eilleurer (ce qui
d’ailleurs est rare) les Problemes socianx, religieux, moraux. Le
peintre des edonces lilles 9 ne condamne séverement que les
péchés commis contre l'amour. Encore y met-il de la mansué¬
tude. M. Schnitzler a traité dans quelques uns de ses drames et
contes le meme sujet qu'lbsen dans plusieurs de ses piéces:
Thomme tuant parsa lacheté et son égoismecla vie amoureuse)
de la femme dont il est aimé. C’est la faute de Fritz à l’égard de
Christine (Amourette), d’Emile Lindbach à l’égard de Bertha
(Madame Berlha Garlan), de Karl de Breiteneder à l’égard de
Marie Ladenbauer (Lanonvelle chanson). Ibsen condamne sévé¬
reinent cette sorte de coupables. Schnitzler les condamne
aussi, mais mollement. II laisse an lecteur le soin de Hétrirle
pécheur et de s’indigner contre son peché: il semble, en vérité,
que la seuie manifestation d’un sentiment violent soit au-dessus
des forces de l’écrivain viennois.
On a reproché à cel anteur de se cantonner dans le petit récit,
dans la nonvelle, dans le conte et de ne point tenter les hauts
Sommets dela poésie. Aug exhortations des eritiques, M. Schnitzler
afait jusqu'à présent lasourde oreille. Elpeut-étre a-L-il bien sait.
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TOME IV.