VI, Allgemeine Besprechungen 2, Ausschnitte 1909–1912, Seite 45

2. Cuttings
marque an Tront du signe redontable. Comme
tous les reveurs de sa genération et de 80
Taction se passe en 1809 — il hait
pals
Napoléon et à jur de delirrer la patrie cap¬
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tive. Ce projet de régieide est dailleurs ins¬
piré en grande partie par limmense amour
que Médard ressent pour la charmante ot
enigmatique princesse Hélène, ennemie irré¬
ductible de Bonaparte. Celle-ci espère que
son fiancé tiendra le serment prononce jadis
en une heure d’exaltation et de folie. En
frappant le nouveau César, qui se trouve
alors à Schenbrunn, anx environs de Vienne,
future résidence de l'Aiglon, du duc de
Reichstadt, Médard délivrera à la fois la pa¬
trie autrichienne humilice et le monde op¬
primé. Mais le jenne héros est hien un per¬
sonnage romantique, dans toute Tacception
Telephion 12.801.
de ce mel, is en ales faiblesses et les seru¬
pules aussi bien que les vertus et la noblesse
d’aspiration. Pareil au prince Hamlet, inter¬
rogeant l’énigme du devoir, analysant le
„ODOENVEN
droit de la vengeance aux terrasses d’Else¬
I. österr. beh. konz. Unternehmen für Zeitungs¬
neur, Médard hésite; le crime irréparable
Ausschnitte und Bibliographie.
lui fait horreur; d’autre part, le genic de
Napoléon, malgré tous les griefs que Thu¬
Wien, I., Concordiaplatz 4.
manité peut invoquer contre le conquérant,
le génie du César nouveau le faseine et;
Vertretungen
l’éblouit malgré lui. Le temps s’envole cepon¬
in Berlin, Brüssel, Budapest, Chicago, Cleveland, Christiania,
dant sur ses ailes rapides et après de mul¬
Genf, Kopenhagen, London, Madrid, Mailand, Minneapolis,
tiples péripétir“, la princesse Hélène se
New-Vork, Paris, Rom, San Francisco, Stockholm, St. Peters¬
décide à accomplir elle-méme T’acte atroce
burg, Toronto.
qu'elle juge nécessaire, Elle ira à Schen¬
Quellenangabs ohne Gewähr.)
brunn, elle n’aura ni faiblesse ni pitié, et le
Ausschnitt aus:
tyran périra de la main dune femme.
Mais Hélène se mélie maintenant du fiancé
Le Figaro, Pau#s
qui a trahi sa confiance, et dont l’amour, pas
plus que la haine, n’a pu faire un meurtrier.

Elle ne dit rien de ses projets an jeune Mé¬
dard. Cepeneant, la fatalité amöne celui-ci
au chäteau de Schonbrunn, la nuit méme ou
—.
sc décide le sort de I’Empereur et de I'Europe.
Ne comprenant rien à l'apparition de sa
LA VIE LITTERAIRE A LETRANGER
flancée au palais Impérial, affolé par la ja¬

lousie et le désespoir, car il sent bien que
cette äme lui échappe, Médard frappe la
bien-aimée qutil croit infidéle. Helène meurt
sous ses yeux, et le triste héros, torturé par
Artbur Sehnitzler
le doute, entrainé vers l'abime par tous les
——
orages d’une äme irrésolue et inquiéte, nlaura
su que tuer, lächement, la créature quil
aimait plus que tout au monde.
La piéce nouvelle de M. Arthur Schnitzler
Certes, cc sujet archi connu, ne manque
doit être considérée à juste titre comme 1’6.
pas d’intérét ni de grandeur, d’autant plus
vénement le plus important de la saison lit¬
que l'auteur i'a traité avec son talent habi¬
téraire et artistique en Autriche. L’ouvreen
tuel de poéte et de psychologue, mais encore
elle-méme, malgréhien des défauts, est d’une
unc fois, la beauté de l’ouvre ne réside point
grande beauté. Depuis longtemps, le thätre
dans cette anecdote tragique et un pen usée.
germanique n'avait réalisé unc tentativo
Ce qui distingue Ie Jeune Médard de la
d’art aussi ambitieux.
production littéraire et théätrale courante,
Dailleurs, M. Schnitzler, le micux doué,
ce qui justilie l’enthousiasme du public vien¬
peut-étre, parmi les dramaturges autrichiens
nois, cest la reconstitution admirable du
Contemporains, bénéficie également d’une
milieu historique, l’évocation de l’époque,
renommée européenne.
dont la destinée se confond avec celle des
L’auteur d’Amourette — un petit chef¬
héros. Tous les milieux, toutes les condi¬
d’euvre dans sa simplicité, son émotion et
tions sociales tous les représentants de
sa gräce discrête — M. Schnitzler est sans
Teternelle comédie humaine, jennes ou vieux,
auenn doute un des plus remarquables 6eri¬
obscurs ou illustres, ressuscitent ici. Le gé¬
vains de ce temps-ci. Ce n'est pas seulement
nie poétique de T’auteur ranime un instant,
dans la charmante ville du Danube bleu que
parmi toutes ces cendres, l’étincelle mysté¬
triomphent ses ouvres.
rieuse de la vie. Mais cet élément d’impé¬
y a, dans ses piéces ct dans ses nou¬
rissable humanité n’empéche pas le drama¬
velles, une finesse, une subtilité, une con¬
turge de discerner et de mettre en relief,
naissance de la vie moderne et un pittoresque
avec. un art supérieur, T'aspect momentané,
intense qui lui ont valu à la fois, la faveur
le caractère typique que prétent au drame
du grand public et l’approbation de la eri¬
vieux comme le monde de la conquéte et de
tique.
la résistance d’une nation vaincue les meurs,
Chez M. Arthur Schnitzler, c’est vraiment
les idées et les costumes du temps. La Hé¬
l’äme inquiête, déconcertante, quand möme
vreusc et placide ville de Vienne, telle que
généreuse, l’äme et le gen, de la société
les premiers romantiques l’ont connuc en
moderne qui palpitent à l’unisson de son
1809, est évoquée dans sa gräce d’autrefois,
réve dartiste. Mais par le choix des eujets
et son image rétrospective offre un contraste
aussi bien que par la façon de les développer
étrange avec la bruyante et luxucuse métro¬
et de les mettre en valeur, le dramaturge du
pole daujourd'hui.
Perroquet vert apparaissait jusqu'iei, mème
C’est la vraiment une belle composition,
au jugement de ses admirateurs les plus en¬
une noble tentativo d’art et de penséc.
thousiastes, comme un réaliste sohre, mor¬
Arthur Schnitzler, nous ne saurions trop
dant-et minutienx, épris avant tout de vérité
insister sur ce point, a merveilleusement
et d’exactitude dans la notation et la repro¬
compris et exprimé l’äme insaisissable d’une
duction de la réalité quotidienne. Ses comé¬
époque. Les sentiments divers, dont la
dies toujours rapides, volontairement main¬
flamme ardente brülait ces pauvres étres au¬
tenues dans des demi-teintessubtiles, passent
jourd'hui Cvanouis dans l’invisible, palpitent
pour des modéles de naturalisme élegant et
de nouveau; ils se manifestent, avcc une
d’observation discréte. Quc les temps sont
sorte de fatalité invincible dans les actes et
changes!
les paroles des heros de Touvrage, car les
L'cuvre nouvelle de M. Arther Schnitzler
causes mysterieuses et profondes qui diri¬
est une fresque gigantesque, une sorte de
gent l’évolution d’un siecle on d’une société
roman dialogué, visiblement inspiré par les
les conduisent fatalement enx aussi vers leur
chroniques de Shakespeare, maitre su prémode
perte certaine. Cette unité philosophique du
la dramaturgie universelle — et aussi, pour¬
quoi ne pas le constater, malgre les protes- drame individuel et de la tregedie natio-|!