VI, Allgemeine Besprechungen 2, Ausschnitte 1914–1920, Seite 16

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le moment elle serait réactionnaire.
„ Done, louvre d’art prend naissance daus
des conditions peu favorables.
L’artiste, le poète vit solitaire, isolé, souf¬
frant, de la confusion esthétique. Aucune tra¬
dition ne le seconde. II doit eréer son style par
ses propres moyens, ne trouvant d’appui suf¬
fisant ni chez les auteurs quu l’ont précédé, ni
dans les données de son milieu, II a ses partä¬
sams et ses ennemis, mais rarement un public.
Eloigné des questions sociales, il n’a qu’uno
ou ignoré per les milieux officiels (s’il est ori¬
ginal), qui m’admettent qu'une médiocrité in¬
nocente.
9 Si le poète est le miroir et le juge d’une
civilisation, nécesairement les cuvres d’art de
I’Allemagne actuelle sont incomplétes, des do¬
cuments d’une époque tnansitoire plus curieux
que précieux.
„ II y a deux grands mouvements dans la
littérature moderne allemande: le mouvement
naturaliste, le plus ancien, qui, il y a quinze
ans, a eveillé la poésie de son sommeil de la
Belle au bois dormant, qui l’a sauvée de la ba¬
nahté et des conventions des épigones de e¬
paque classique de ces éorivains-reflets, comme
le romancier Freytag ou le dramaturge Heuri
Laube. Mais cette formule menait dans un
cul-de sac. Elle habituait Peil à voir des détails
mosaiqués, mais le gnand souffle, le vaste ho¬
rizon, la grande synthese lui manquèrent.
„ Le mouvement idéaliste commençant peu
de temps après faisait la contrebalance, mais
certes sa carrière sera plüs longue; sachant
évoluer, il a svolué il évoluera encore, Ill est
ou romantique ou mvstique ou peychologique.
L’artiste de T’avenir sera celui qui réunira ces
trois tendances avec une connaissance et von¬
scdences des problèmes sociaux. Paruni les ar¬
tistes idéalistes, ainsi que naturalistes, combien
de vies se somt consommée. sans atteindre la
terre promise. Souvent à ce point de vue les
efforts sont plus intéresants que les résultats.
Combien ont fait de leur vie une omuvre d’art
sans pouvoir la formuler!
„ Voilà d’ailleurs le trait de caractère essen.
tüel de l'Allemand de tous les temps. Il exubère
de fantaisie, d’idée, de sentiments, mais son
ennemi c’est la mesure dans l’expression, in¬
née aux peuples romans.
Gerhamt Hauptmann parmi les dramatur¬
ges représente le mienx l’école naturaliste. Fin
observateur, minutleux, écrivant admirable¬
ment son dialecte silésien, ses omvres nap¬
pellent à la fois Teniers et Uhde, le peintre
des pauvres gens sanctifiés par leur pauvreté.
Les Tisserands sont son chef-d’ouvre. Le per¬
sonnage principal n’est plus une individualité,
mais la fouiée. La théorie naturaliste a cru
pouvoir se passer du héros. En depit de tou¬
tes ses beautés voilà un point faäble de la
1806.
5Uest Michgel Kramer que je préfere de
utes les Ceuvres dé Hauptmänn de la seconde
ériode, ou, avec sa technique naturaliste, 11
pproche la poésie broique. C’est la chanson
ségiaque mais sincère d’une réesignation pro¬
fondément vécue, le drame émouvant de l’im¬
puissance d’un artiste. Mais on se ressent
aussi d’une certaine impuissance dans l’exé¬
cution de cette ceuvre purement, noblement
conque, et je me demande si l'impuissance
dont Hauptmann se confesse invariablement
dans ses différents drames et l’impuissance de
la formule naturaliste ne sont pas identiques?
„ En résumant P’ouvre de Hauptmann, il ne
faut pas oublier ses deux excellentes comédies,
Der Biderpelz (1o Peau du castor) et le Coi¬
lege Crampton.
Hugo von Hofmannsthal, Autrichien, est
le plus remarquable dramaturge du mouvement
idéaliste Héroique et subtil, nerveux et raffi¬
né, il Pit les plus beaux vers dramatiques,
sinon les plus beaux drames. Passiohné pour
la beauté de la passion, il en rend mieux le
geste que la flamme, Profondément esthéte,
il fait de la poésie plutôt un refuge qu'un
miroir de la vie. Son cuvre est comme une
collection d’actes, d’états d’äme, de paroles
formulé
Allemagne, Wedekin- jouant et chantant Jui¬
mème see balladlesRomanzen)) douloureuses,
vibrantes, nerveuses, ironiques était ceini qul
faisait l’impression la plus fortement artisti¬
que sur son auditoire.
„ Je passe le grand nombre de telents moins
originaux et les pièces à succes portant sur
les foules et souvent jouées et applaudies aussi
à Paris; elles ne manquent pas comme Guvre
dart.
„ Le roman allemand quoique plus varié que
la dramaturgie n'a pas le mäme intérêt qu’ei¬
le. A proprement dire, i! n’y a pas de roman
allemand contemporain. Ce qu’il ya de mienx
ce sont les romans régionaux, vigonureux, sen¬
tant la terre, toujouis réalistes, mais à cause
de leurs sujets et de leurs poimts du vue limités
sarement d’un intérêt universel. Voilà la
meilleure preuve que l’unité politique n’a jas
encore produit l'unité intellectuelle. La men¬
talité de l’Allemand du Sud et del’ Autrichien
est parfois plus éloignée de celle de l’Allemand
du Nond que de celle du Françass.
„ En conséquence, il y a le roman bavarois
(Ludwig Thoma), le roman souabe (Emile
Strauss), le romam styrien (Rosegger), le ro¬
man silésien (H. Stehr), celui-d marchant
naturellement sur les tracesgde Hauptmann;
le roman de la Eiffel (Clara Viebig), le vo¬
man bas-allemand (G. Frenssen). Jorn Uhl,
le famenx roman de Gustave Frenssen, est un
beau spécimen du roman régional. On trouve
une force et une vérüté étonmantes dans se.
descriptions de paysagen et de faits, miais
Frenssen, de profession théologien, charge l#
caructères de ses paysams iveo des exposés
lourds et trainants d’idéolog“s „et ily méle des
tendances pédagogiques. L'Allemand aime cet¬
te-sorte de livres; ce roman était um de tes
plus grands succès au couramt de ces années,
„ Ni la théorie ni le style de son roman ne
sont originanx. L’écrivain suisse, Soufried
Keller, avec Fontane, le dernier grand ro¬
mancier en lamgue alllemande, et Storm, le
tendre poête des beautés de l’Allemagne du
Nord, sont ses parrains littéraires, IIy en a
beaucoup qui lui préfèrent Thomas Mann,
Pauteur des Buddenbrock, de méme un roman
de l'Allemagne du. Nord. Mann porsede un
style plus sobre et personnel; il sait dévelop¬
per des points de vue plus vastes.
„ La ou Fressen est idéologue, Mamn est
sronique; certes o’est un trait plus moderne.
„ Le mouvement idéaliste, ceilui de l’avenir
n’a pas encore produit des romans d’un art
définitif, gu'ils soient romantiques ou mystä¬
ques ou psychologisants. Pour domner des noms
parmi les plus connus: J. Wassermann, Mn¬
Ricarda Hisch, H. Hesse, F. Huch, Johannés
Schlaf.
Pour compléter l’apergu du roman il ne
faut pas oublier les romanciers qui, encore
virants, ont jadis exprimé awec mastrise les
sentiments et les iddes d’une époque paseée et
ciu, n’agant pas évolué, n’ont cependamt pas
compromis leur gloire. Paul Heyse, le ro¬
mancier et poète de la bourgeoisie entre 1850
et 1875; Wilhem Raabe, qui a écrit le roman
comique de la médiomrité de la méme époque;
Marie von Ehner-Eschenbach, la grande ro¬
mancière autrichienne.
„ Al’éoart de la grande notoriété vivent les
quelques poctes lyriques distingués dont FAl:
lemagne cependant pourrait étre fière.
„Detlev von Lilieneron, puissant, d’une fan¬
taisie exubérante, plein d’humour et de verve,
a le mérite d’avoir dégagé la poésie lyrique de
la sentimentalité un peu fade et du style fac.
tice des Geibel, Scheffel, Hamerling, eux-mö¬
mes épigones de nos grands poètes, Heine,
Eichendorff, Lenau, Lalieneron a éerit un
grand poème épique, Poggfred, fantaisiste,
humoristique, des ballades, des chants, des
paysages, vraiment vus et vécus et rendus aveo
um réalisme fort et erigimal.
Le grand poème épique de Richard Dehmel,
Deue Hommes, est plus tavaillé, psychologi¬
quement plus profond, les émnotions sont plus
naveuses, plus raffinées, il est plus moderne,
pus troublant, mais sans la spontandité crea¬
trice de Liliencron; il est moins sür dans 8en
es poe¬
offert
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Grente en 1un 1un e den 1e ee e e e 1
drere les statucs dehmtives:
Gusrave KAHN.